Entreprendre à l’étranger: «Le Vietnam est un pays intense mais fascinant»

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Entreprendre, c’est grandir, et pour les entreprises belges, il existe encore de nombreuses opportunités de croissance à l’étranger. Par exemple au Vietnam.

Eve Devoldere, head of office pour Flanders Investment & Trade revient pour nous sur l’entreprenariat et la vie au Vietnam.

Quels sont les bons réflexes pour investir ou entreprendre au Vietnam ?

« Établir une relation de confiance est essentiel. Au Vietnam, on ne fait pas de business sans lien personnel. Les entreprises qui pensent pouvoir tout gérer à distance, de manière digitale, déchantent vite. Il faut être physiquement présent, revenir régulièrement, et se faire introduire par son réseau. Il est également presque indispensable d’avoir un partenaire local. La barrière linguistique est bien réelle, et certaines sensibilités culturelles sont difficiles à décrypter. Le respect de la hiérarchie et de l’âge est également fondamental. Lors d’une rencontre, il faut toujours saluer d’abord la personne la plus âgée ou la plus haut placée. Et on remet sa carte de visite à deux mains.

Sur le plan économique, le pays est plus ouvert que jamais. Depuis la politique de réformes entamée en 1986, le Vietnam connaît une croissance impressionnante. Avec plus de 100 millions d’habitants et une moyenne d’âge de 33 ans, une classe moyenne en pleine expansion, et 17 accords de libre-échange déjà signés — notamment avec l’Union européenne — le pays attire de nombreux investisseurs étrangers. Ceux-ci bénéficient d’avantages fiscaux, en particulier dans des secteurs stratégiques comme celui des semi-conducteurs. »

Et les choses à éviter ?

 « Il faut éviter les propos politiques, surtout concernant le régime ou des figures nationales comme Ho Chi Minh. Il est aussi préférable de ne pas évoquer le passé de guerre. Les Vietnamiens regardent vers l’avenir, pas vers le passé. »

Une anecdote qui illustre bien la culture locale ?

 « Une fois, je me suis retrouvée dans un taxi à Đà Lạt, une région rurale de l’intérieur du pays. Le chauffeur, dans la vingtaine, m’a dit qu’il était allé à Tomorrowland. Je n’ai aucune idée de comment il a pu se payer cela ! Cela résume bien la jeunesse vietnamienne : ambitieuse, tournée vers l’international et toujours à la recherche d’opportunités.

Près de 40 % de la population porte le nom Nguyen. C’est pourquoi les gens se parlent surtout par leur prénom, comme “Monsieur Nam” ou “Mademoiselle Trang”. Un voyageur d’affaires étranger qui s’adresse à tout le monde en disant “Monsieur Nguyen” verra beaucoup de têtes se retourner.

Le Vietnam est extrêmement connecté. Environ 80 % de la population utilise Internet. Le commerce en ligne, les paiements mobiles et les réseaux sociaux sont omniprésents. Facebook est encore largement utilisé à des fins professionnelles, même si LinkedIn gagne du terrain. »

Et la vie quotidienne sur place ?

« C’est intense mais passionnant. La circulation est chaotique, surtout à Hanoï, où la pollution de l’air peut être problématique. Et pourtant, tout fonctionne de manière étonnamment fluide, comme si on se déplaçait au milieu d’un banc de poissons.

L’éducation est une priorité absolue. Les parents vietnamiens investissent jusqu’à 40 % de leurs revenus dans les études de leurs enfants. Beaucoup d’adolescents prennent des cours particuliers d’anglais. Les études à l’étranger sont prisées, mais la pression pour revenir au pays est forte. Envoyer de l’argent à la famille reste souvent la première motivation.

La qualité de vie dépend de la région où l’on s’installe. À Hanoï, c’est dense et intense, mais des villes comme Đà Nẵng ou Hô Chi Minh-Ville offrent un cadre de vie plus agréable. Même la ville portuaire de Haiphong connaît un développement rapide : l’entreprise belge Deep C y gère depuis près de trente ans une zone industrielle écologique, et de plus en plus d’entreprises étrangères s’y installent. »

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