En crise, le français Atos espère ouvrir un nouveau chapitre
Le plan de sauvegarde accélérée du groupe informatique français Atos, en grande difficulté financière, a été validé par le tribunal de commerce et sera réalisé entre novembre 2024 et début janvier 2025, a indiqué jeudi l’entreprise.
“Cette étape importante garantit la pérennité des activités d’Atos dans le meilleur intérêt de nos employés et de nos clients, et permet de projeter le groupe sereinement vers une nouvelle page de son histoire”, a réagi le nouveau président du conseil d’administration du groupe, Philippe Salle, cité dans le communiqué. Cette décision est tombée quelques minutes après qu’Atos a fait état d’une activité fortement dégradée avec un chiffre d’affaires à 2,3 milliards d’euros au troisième trimestre, en chute de 10,5% par rapport à la même période l’année précédente, en raison notamment de résiliations de contrats. Les prises de commandes ont elles dégringolé de plus de 30%, à 1,5 milliard d’euros au troisième trimestre.
Atos espère redresser la barre avec “une activité commerciale plus soutenue au cours du quatrième trimestre”, a indiqué Jean-Pierre Mustier, directeur général du groupe, lors d’un échange avec la presse. “Les clients ont très bien compris qu’il n’y avait pas d’incertitude sur notre capacité à restructurer”, a-t-il ajouté. Le plan de restructuration, voté début septembre par les créanciers et les actionnaires, a été élaboré après l’abandon du rachat d’Atos par son actionnaire principal Onepoint. Outre un allègement de la dette de 3 milliards d’euros, sur un total de près de 5 milliards, il prévoit une augmentation de capital et une dilution “massive” des actionnaires.
Les créanciers souhaitent en effet une restructuration d’ici la fin de l’année pour se concentrer enfin sur la reprise de l’activité, selon une source proche du dossier. Une mission confiée à Philippe Salle, qui prendra les rênes d’Atos à partir du 1er février 2025 et a été nommé président du conseil d’administration entre-temps.
Un ciel obscur
Mais relancer la machine Atos ne sera pas de tout repos. Le groupe aux plus de 90.000 salariés peine par exemple à s’accorder avec l’Etat sur le prix de cession de ses “activités stratégiques”, qui comprennent notamment les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire.
En juin, l’Etat français avait fait une offre de 700 millions d’euros pour éviter que ces activités sensibles ne tombent entre les mains d’acteurs étrangers. Une proposition qui n’était pas au goût d’Atos, qui a fourni à l’Etat une offre révisée. Le groupe et ses créanciers “veulent le juste prix”, selon une source proche du dossier. Mais il n’est pas sûr qu’ils obtiennent gain de cause. “Etant donné le discours actuel de l’Etat sur la dette, il ne risque pas d’être très généreux et Atos n’est pas en position de force vu qu’il n’y a qu’un acheteur”, analyse de son côté Lionel Melka.
Les deux parties ont indiqué poursuivre les négociations.
Parallèlement, plusieurs médias affirment qu’Atos a perdu un appel d’offres pour doter l’Agence ministérielle pour l’IA de défense d’un supercalculateur dédié à l’intelligence artificielle au profit du tandem formé par l’américain Hewlett-Packard et le français Orange. Un contrat estimé à plus de 100 millions d’euros par le journal économique la Tribune.
Seule lueur dans un ciel obscur, la cession au groupe français d’ingénierie Alten de Worldgrid, filiale hautement critique qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires, notamment pour EDF, est toujours sur les rails. “Le processus de cession est en cours et reste soumis aux autorisations habituelles pour ce type d’opération”, a indiqué Alten à l’AFP. La transaction, qui doit être finalisée avant la fin de l’année, devrait apporter 270 millions d’euros d’argent frais à Atos, selon plusieurs médias.