Les employés belges s’appuient de plus en plus sur les outils de traduction et les agents conversationnels pour leurs besoins linguistiques. La montée en puissance de ces technologies signe-t-elle la fin de nos compétences linguistiques ?
Une récente étude de Bright Plus révèle que plus de quatre employés belges sur cinq (85 %) utilisent désormais des outils de traduction. Et 30 % se déclarent même dépendants de ces technologies. Des chiffres interpellants, d’autant qu’une précédente enquête du même partenaire RH avait déjà mis en lumière le déclin des compétences linguistiques actives sur le lieu de travail.
Dans un contexte de guerre des talents et de pression sociale croissante, il est logique que les travailleurs cherchent des solutions pour combler leurs lacunes. Et quoi de plus évident que de se tourner vers l’intelligence artificielle (IA) ? L’étude montre ainsi que 45 % des employés belges l’utilisent au moins une fois par semaine dans le cadre professionnel.
Lire aussi| L’IA, dernière chance du multilinguisme belge ?
L’IA est principalement mobilisée pour :
- des échanges de courriels (40 %),
- la communication avec les clients (25 %),
- la rédaction de rapports ou de comptes rendus (23 %).
Plus étonnant : près de 5 % des travailleurs interrogés déclarent y recourir également pour des discussions informelles entre collègues, que ce soit en ligne ou autour de la machine à café.
Sans surprise, les jeunes générations sont plus enclines à utiliser des outils d’IA pour la traduction. 62 % des 18-34 ans les exploitent à cette fin, contre 44 % des 35-49 ans et seulement 33 % des plus de 50 ans.
Avantage ou désavantage?
Faut-il s’inquiéter de cette évolution ? Pas nécessairement, tempère Bright Plus. Cela pourrait même constituer une bonne nouvelle. Dans la mesure où la technologie peut favoriser le multilinguisme au travail, à condition d’être utilisée à bon escient. Une position partagée par Elan Languages, agence spécialisée en communication multilingue. Selon elle, les agents IA peuvent aider les employés à surmonter les barrières linguistiques et à collaborer plus efficacement.
Mais, nuance importante : il ne faut pas faire une confiance aveugle à l’intelligence artificielle ni s’en remettre exclusivement à elle. Malgré des avancées technologiques impressionnantes, l’IA reste imparfaite, et ses « hallucinations » sont bien réelles. Ainsi, 60 % des personnes interrogées déclarent recevoir parfois des traductions inexactes ou erronées.
Demande en expertise linguistique
« Nous constatons que la demande en expertise linguistique humaine reste élevée », souligne Robrecht Beliën, CEO d’Elan Languages. « Utiliser une technologie de traduction suppose de connaître ses limites et d’en maximiser les possibilités. Technologie et expertise humaine vont de pair – à condition de garantir une vérification finale par un expert. »
Comme le rappelle l’étude de Bright Plus, le véritable multilinguisme ne se résume pas à la seule traduction correcte de mots. Il ne peut être reproduit entièrement par la technologie.
« Investir dans les compétences linguistiques reste crucial pour les entreprises », conclut Linda Cappelle, CEO de Bright Plus. « Cela passe par des formations formelles, mais aussi par des politiques encourageant chacun à s’exprimer dans sa langue maternelle. »
Conseils pratiques pour bien utiliser l’IA dans les travaux de traduction
– Relisez attentivement le texte généré par l’IA, même si cela paraît évident.
– Effectuez une rétro-traduction : faites traduire le texte généré vers la langue d’origine pour vérifier que le message initial a bien été préservé.
– Fournissez du contexte : ne traduisez jamais des mots isolés. Privilégiez des phrases complètes, voire des paragraphes entiers.
– Rédigez un prompt détaillé pour aider l’outil à produire une traduction fidèle et pertinente.
Suivez Trends-Tendances sur Facebook, Instagram, LinkedIn et Bluesky pour rester informé(e) des dernières tendances économiques, financières et entrepreneuriales.