Easi, toujours en mode turbo, poursuit son insolente croissance


Avec le rachat de Quendra, une petite structure spécialisée dans les télécoms, le groupe informatique nivellois Easi continue sa croissance acharnée. Cette acquisition s’inscrit dans une stratégie bien rodée de croissance externe qui pourrait bien se poursuivre, sous peu, en dehors de nos frontières.
Et de 13 ! Ces dernières années, le groupe nivellois Easi ne cesse de procéder à des acquisitions ciblées pour se développer. L’entreprise fondée par Salvatore Curaba s’appuie depuis 2019 sur cette stratégie déployée par son duo de CEO, Thomas Van Eeckhout et Jean- François Herremans, qui combine croissance organique et rachats d’entreprises. Avec l’acquisition de Quendra, annoncée la semaine passée, Easi poursuit une stratégie bien rodée de croissance externe sur des segments porteurs tels que la cybersécurité, la data ou, comme c’est le cas ici, les télécommunications.
Derrière ces rachats, une ambition claire : renforcer sa position sur le marché belge tout en préparant une expansion à l’international. Car aujourd’hui, Easi réalise la majorité de son activité sur le marché belge. Son plus gros marché hors Belgique ? Le Luxembourg, qui ne représente toujours que 6% de son activité. Une activité en belle croissance puisqu’en 2024, Easi réalisait un chiffre d’affaires de 108 millions en croissance de 23%, même si, plombée par les coûts, la rentabilité n’a cru “que” de 8%…
Lire aussi| Easi se renforce dans les télécoms
Gagner du temps pour s’imposer
“Chaque rachat nous fait gagner entre un et trois ans en développement stratégique”, confient les co-CEO Thomas Van Eeckhout et Jean-François Herremans. Cette accélération est essentielle dans un marché ultra-concurrentiel. Le choix des acquisitions ne se fait cependant pas à la légère. Le groupe, qui compte plus de 580 collaborateurs, rachète des PME de taille modeste, généralement entre 15 et 30 personnes. “Nous ne rachetons pas des entreprises uniquement pour leur portefeuille clients ou leur chiffre d’affaires. Nous ciblons des sociétés qui apportent des expertises complémentaires et qui partagent nos valeurs d’excellence et de transparence”, précisent-ils.
Cela a permis au groupe d’atteindre “une taille critique pour être connu et pouvoir aller chercher des clients de plus grande taille”, évoque Jean-François Herremans. “Avant, il fallait compter une centaine de personnes, mais sur ce marché en pleine consolidation, je suis heureux qu’on ait dépassé 500 personnes.” Cela permet à Easi de servir de plus grandes entreprises et plus seulement des PME. La firme cible désormais le “haut du milieu du marché”, soit des entreprises entre 200 et plusieurs milliers d’utilisateurs, auprès de qui elle peut proposer une gamme de plus en plus large de services. Easi dispose d’une dizaine d’activités phares : ERP financier (son métier historique), cybersécurité, data, services cloud, etc.
C’est dans cette optique que Quendra a été choisie. Spécialisée dans les télécommunications et la connectivité réseau, cette société vient renforcer l’offre d’Easi sur un secteur stratégique. Avec environ 250 clients et 15 ans d’expertise, elle permet à Easi de se positionner comme l’un des plus grands agents commerciaux B to B en Belgique pour plusieurs opérateurs télécoms. “Easi s’est spécialisée dans les réseaux de connectivité pour les grandes PME et entreprises, en créant des réseaux privés sécurisés pour faciliter leur communication interne et externe, détaille l’entreprise. Nous collaborons avec un large éventail d’opérateurs B to B leaders du marché pour répondre aux besoins des clients.”
Totalement intégrée
La PME fraîchement rachetée sera, comme toutes les autres acquisitions, totalement intégrée au sein du groupe. En effet, si pas mal d’entreprises laissent une certaine autonomie aux sociétés qu’elles rachètent, Easi adopte une politique radicalement différente : chaque nouvelle acquisition est entièrement intégrée, la marque disparaît et la société est absorbée dans Easi, tant sur le plan organisationnel que culturel. “Nous allons très loin dans l’intégration, détaille Thomas Van Eeckhout. Chaque employé rejoint nos équipes avec les mêmes responsabilités et le même niveau de fonction. Après deux ans, il ne subsiste plus de distinction entre l’entité rachetée et Easi.”
Cette intégration complète présente, selon les deux patrons, plusieurs avantages. D’abord, elle permet d’éviter la dispersion des marques sur un marché belge relativement restreint. “Multiplier les marques n’a pas de sens dans un pays comme la Belgique. Nous voulons une stratégie claire et lisible pour nos clients”, indique le cofondateur. Ensuite, elle garantit une cohésion forte au sein du groupe et un alignement des méthodes de travail. Mais ce modèle a un coût. “Les managers impliqués dans l’intégration ne travaillent pas sur d’autres projets durant cette période. C’est un investissement en temps et en ressources, mais à moyen et long terme, cela nous permet d’avoir une structure plus forte et plus cohérente.”
Apprentissage de l’échec canadien
Sur l’international, toutefois, l’intégration pourrait ne pas être de mise et le groupe pourrait garder des marques si cela fait sens. À ce stade, la question ne se pose pas totalement. Mais d’ici peu, Easi visera des acquisitions à l’international. Un dossier est à l’étude sur le Luxembourg, “un marché prioritaire pour nous. Nous y sommes déjà présents avec nos solutions logicielles et nous voulons y renforcer notre position, notamment dans la data et la cybersécurité”.
Mais après 2026, le groupe nivellois pourrait bien reprendre une démarche internationale pour assurer sa croissance. Canada, Pays-Bas ? Rien n’est tranché, mais les patrons s’y prendront avec une nouvelle méthode après des échecs au Canada et en Suisse, ces dernières années. “On s’y était lancé avec notre solution comptable, mais ce n’est pas le logiciel le plus facile à décliner à l’international et la démarche n’était pas assez mature, reconnaissent les co-CEO. Mais après 2026, nous irons vers un nouveau marché. On a appris de notre expérience et on sait que l’on s’intéressera à des structures plutôt de l’ordre de 50 personnes que de 20, car il est important à l’étranger d’avoir des structures plus importantes.”
Aussi, ambitieux, les deux patrons se disent prêts à voir plus grand. “Nous pourrions aller vers des acquisitions plus onéreuses, de l’ordre de 15 millions ou plus. C’est une autre cour, mais c’est notre ambition et les moyens ne doivent pas nous faire peur.”
“Nous pourrions aller vers des acquisitions plus onéreuses, de l’ordre de 15 millions ou plus.”
Doubler de taille
L’ambition n’est pas que géographique et Easi devra combiner les développements en termes de localisation avec des renforcements thématiques, notamment dans les secteurs de la cybersécurité et de la data, qui connaissent une croissance rapide. “La cybersécurité est aujourd’hui l’un des segments les plus porteurs pour nous. Grâce à nos acquisitions successives, nous nous sommes hissés parmi les cinq principaux acteurs du marché belge, affirment les dirigeants. Nous avons fait le choix d’être présents sur tout le spectre, du stockage à l’analyse et à l’IA appliquée. Nous sommes intégrateurs de solutions IA et nous voulons nous positionner sur l’IA appliquée aux entreprises, là où il y a un vrai ROI”, expliquent-ils.
Employant aujourd’hui 580 collaborateurs, Easi est en avance sur ses plans. Le groupe prévoyait de doubler de taille à l’horizon 2025 et d’arriver à 500 personnes. Et ce n’est pas tout : Easi devrait accueillir cette année pas moins de 120 nouvelles personnes, si l’on tient compte des postes ouverts et d’une probable nouvelle acquisition. Avec, ensuite, comme prochain objectif, les 750 employés d’ici fin 2026…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici