Du kérosène wallon neutre en carbone
Les groupes d’ingénierie Hamon, De Smet, le distributeur Resa et l’ULiège s’allient pour construire chez nous une usine de kérosène “propre”. Un projet au long cours qui pourrait créer jusqu’à 1.500 emplois.
Ils veulent placer la Wallonie sur la carte des pays producteurs de kérosène neutre en carbone et, surtout, exporter leur technologie. Comme le révélait le journal Le Soir la semaine dernière, un consortium d’industriels wallons vient de se constituer afin de démarrer les travaux nécessaires à la construction, à partir de 2030, d’une véritable usine de kérosène synthétique produit à partir d’hydrogène et de CO2. Nom de code? N-Kéro.
Parmi les membres du consortium, on retrouve l’ULiège, le distributeur d’énergie Resa ainsi que les groupes d’ingénierie De Smet et Hamon. “Nous sommes déjà en discussion avec d’autres acteurs industriels wallons”, affirme Fabrice Orban, CEO de Hamon.
Grâce à ses deux grandes activités que sont le refroidissement industriel et la dépollution de fumées, le groupe pourra apporter son expertise au niveau de la capture du CO2, que ce soit dans l’atmosphère ou au sein des industries émettrices. Le plus grand défi, d’après notre interlocuteur, sera l’approvisionnement de cette raffinerie en énergie décarbonée. “Pour produire l’hydrogène décarboné permettant d’écouler 250 millions de litres de kérosène neutre par an, il faudra l’équivalent de 900 MW, ce qui correspond à la puissance d’un réacteur nucléaire tournant à pleine puissance 100% du temps, dit-il. Or, on sait qu’avec sa politique énergétique actuelle, la Belgique devra importer une partie de plus en plus importante de son électricité. Je serais ravi qu’EDF tire une ligne à haute tension pour alimenter notre usine. Nous bénéficierions d’une alimentation stable à un prix extrêmement compétitif (le kWh nucléaire français est le moins cher d’Europe). Notre carburant serait parfaitement neutre en carbone et très compétitif. Tout cela sera évidemment discuté entre 2025 et 2030, en fonction de l’énergéticien que nous allons identifier pour porter ce projet.”
Subsides
Pour l’instant, le projet n’en est qu’à ses débuts. Le consortium a été constitué afin de capter des subsides européens du Greendeal. Entre 6 et 8 millions d’euros seront nécessaires pour lancer la phase de recherche appliquée en collaboration avec l’ULiège. A partir de 2025, une fois la technologie développée et testée en laboratoire, il s’agira de construire un démonstrateur. La construction de l’usine proprement dite devrait, elle, débuter en 2030. “Nous aurons alors avec nous un opérateur industriel, un énergéticien qui pourra injecter plusieurs centaines de millions d’euros dans le projet, affirme Fabrice Orban. On parle d’une usine qui ressemblera à une raffinerie de pétrole de grande taille.”
D’après les membres du consortium, le site de Chertal, en province de Liège, serait l’endroit idéal pour accueillir la nouvelle unité. “Il remplit tous les critères d’un point de vue espace, localisation et sécurité”, affirme notre interlocuteur. Le projet pourrait créer à terme jusqu’à 1.500 emplois. “Nous avons pris l’exemple d’une raffinerie de pétrole qui produirait environ la même quantité, explique Fabrice Orban. Les perspectives d’emploi se situent entre 1.000 et 1.500 personnes. Et on parle d’emplois directs. Il y aura aussi des emplois indirects via tout un tissu de fournisseurs.”
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