Deux géants des images fusionnent : plus fort ensemble contre l’IA ?
L’agence de photos Getty Images va fusionner avec la banque d’images Shutterstock pour créer un géant du secteur des contenus visuels, ont annoncé mardi les deux entreprises américaines dans un communiqué commun. En ligne de mire : l’intelligence artificielle générative.
Avec cette opération, les sociétés entendent mettre en commun leurs gigantesques plateformes d’images. Tout en réalisant des économies de l’ordre de 150 à 200 millions de dollars sur trois ans après la finalisation de la fusion. L’entreprise sera valorisée environ 3,7 milliards de dollars, selon le communiqué. “Avec l’augmentation rapide de la demande en contenus visuels forts dans tous les secteurs, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour que nos deux entreprises s’unissent”, a fait valoir Craig Peters, le directeur général de Getty Images.
Aspects financiers
Le profil financier “plus solide” de la société issue de la fusion “devrait créer une capacité accrue” d’investissement et d’innovation pour les clients, expliquent également les entreprises. La nouvelle entité, Getty Images holdings, aura toujours sa cotation à la Bourse de New York. Dans le détail, Getty proposera le versement de 331 millions de dollars en numéraire ainsi que de 319,4 millions de titres Getty Images aux actionnaires de Shutterstock.
Une fois l’opération finalisée, les actionnaires de Getty Images détiendront environ 54,7% de la nouvelle entité, contre 45,3% pour ceux de Shutterstock. Craig Peters sera le directeur général de la société. Son président sera Mark Getty, l’actuel président de Getty Images, qu’il a cofondée en 1995. Getty a des accords commerciaux avec l’Agence France-Presse pour la diffusion de photos.
L’annonce a en tout cas enthousiasmé la bourse. Shutterstock a gagné près de 23% ce mardi et Getty Images près de 40%.
IA générative
Il faut aussi comprendre cette fusion dans un contexte où l’IA générative permet de créer toutes les images que l’on souhaite. Et cela gratuitement, avec une qualité qui s’améliore très rapidement. Les médias, agences de communication et de publicité ou autres acteurs qui ont besoin de contenu visuel pourraient davantage se tourner vers des outils comme Midjourney ou ChatGPT. Du moins pour une partie des images qu’ils utilisent. Ce qui est un grand risque pour les stockimages ou photo prétextes/images d’illustration qu’on retrouve sur Shutterstock et Getty Images. Elles sont créées par un photographe ou illustrateur, ce qui coûte plus cher qu’une IA. La concurrence s’annonce donc rude.
C’est d’ailleurs pour cela que les plateformes ont également adopté des outils d’IA générative. Ils permettent de créer ou de modifier des images, directement dans le catalogue. Une autre manière de s’adapter au contexte concurrentiel.
Les photos de presse sont moins à risque d’être supplantées par une IA. L’IA ne pourra jamais s’inventer photographe de guerre, de sport ou d’autres événements importants. Elle ne pourra jamais être présente au moment opportun pour capturer l’essence d’une situation. Comme Remco Evenpoel qui mime un geste de raccrochement d’un téléphone devant la tour Eiffel, sur la ligne d’arrivée de la course cycliste qu’il franchit en premier, obtenant le titre olympique. Comme un enfant, le dos en flammes, lors de la guerre du Vietnam. Ou comme un homme qui tombe d’un building new-yorkais un jour d’effondrement total de la bourse. Ou comme les guerres, les catastrophes naturelles et leurs victimes et survivants.
Elle ne pourra jamais rendre compte du réel, car elle est une application sur un serveur. Et comme son nom l’indique, elle est artificielle. Les médias ont donc besoin de ces photos, pour témoigner ce qui se passe dans le monde. Mais même si ces photos sont irremplaçables, il y a néanmoins une pression économique sur le secteur de la photo, à cause de l’IA. Les deux entreprises joignent donc leurs forces pour s’armer contre cette pression.
(avec Belga)
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