Deuse, l’innovation digitale sur mesure
En quelques années, la firme Deuse est devenue un acteur qui compte dans le secteur de la transformation digitale. Elle accompagne de grands noms comme Pairi Daiza, Fluxys ou le Grand Prix de Spa-Francorchamps dans leurs projets numériques.
Il faut un peu d’imagination pour se projeter dans une (future) salle de réunion au rez-de-chaussée de ce bâtiment de l’avenue Maurice Destenay, à Liège. Les murs sont, en effet, encore à nu, le sol en béton brut et les gaines techniques apparentes. Les nouveaux bureaux de la société Deuse sont encore en plein chantier, excepté le premier étage, fraîchement achevé au moment de rencontrer Julien et Maxime Deuse, les deux fondateurs de la firme qui porte leur patronyme.
Si la jeune pousse liégeoise du digital peut s’offrir de nouveaux bureaux, c’est parce qu’elle enregistre une croissance importante. En quelques années seulement, la société spécialisée dans la transformation digitale emploie désormais 42 personnes et s’est hissée parmi les entreprises qui comptent dans le numérique wallon. Ses deux fondateurs sont d’ailleurs allés réceptionner, mi-septembre, le prix des Étincelles de Wallonie, remis par le gouvernement wallon.
Le core business de Deuse, qui se définit comme une “entreprise d’ingénierie informatique”, est d’accompagner les entreprises dans le développement de leurs projets digitaux comme des applications mobiles, des plateformes web, des logiciels de gestion, etc. Forte de nombreux ingénieurs, la firme liégeoise est, en effet, en mesure de “proposer des solutions sur-mesure de qualité pour les problèmes spécifiques des entreprises, précisent Maxime et Julien Deuse. Ce qui fait notre différence, c’est que nous allons toujours très loin dans la technologie, avec des méthodes innovantes, au service des projets des clients. Il est rare que des entreprises proposent notre niveau de précision et de complexité. Cela explique une partie de notre succès.”
Francorchamps et Pairi Daiza
Parmi les clients qu’ils mettent en avant, le parc Pairi Daiza, qui s’est tourné vers Deuse pour la réalisation de son tout nouveau système de réservation en ligne. Mais la société est aussi derrière l’application grand public du Grand Prix de Spa-Francorchamps et propose ses services à des tas d’autres secteurs : santé, construction, énergie, etc. Elia, Eiffage, Fluxys, Proximus ou la STIB sont d’autres clients qui ont contribué à renforcer la réputation de Deuse, une entreprise dont l’un des points forts serait l’établissement de plannings.
“Le chef du service d’imagerie médicale du CHC MontLégia désirait digitaliser la gestion des plannings de ses équipes, se souviennent les deux frères. Nous avons développé une application web intuitive qui permet de gérer facilement les horaires de l’ensemble du service. Les radiologues et les assistants peuvent, entre autres, indiquer leurs disponibilités et faire des demandes de congés. Ensuite, sur base des données encodées, l’application construit automatiquement le planning”. Un créneau que l’entreprise a développé pour une vingtaine de clients, de manière très spécifique pour chacun d’eux.
Deuse présente comme autre particularité de vendre de la consultance exclusivement, et pas de software en tant que tel. “Nous vendons des heures, précise très clairement Maxime Deuse. Nous sommes sur un modèle de propriété et pas de location : ainsi nous ne vendons pas de produit ou un SaaS (Software as a Service). C’est un autre métier. Et cela se traduit aussi au niveau de la propriété des projets : notre travail appartient aux clients et nous ne pouvons pas le récupérer”. S’ils admettent que c’est moins intéressant pour Deuse qu’un système de licence qui offre de la récurrence, les deux fondateurs n’en démordent pas : “c’est plus intéressant pour le client et surtout, c’est sensiblement plus éthique.”
Belle croissance annuelle
Et cela semble plutôt bien fonctionner puisque Deuse affiche une croissance annuelle entre 30% et 50%, avec un chiffre d’affaires qui est passé à 4,5 millions d’euros. L’entreprise ne cherche pas pour autant la croissance à tout prix. “Nous ne faisons pas de la croissance pour faire de la croissance. Mais tant que les clients viennent avec des projets stimulants, nous sommes ravis.”
Cette approche mesurée n’a pas empêché Deuse d’ouvrir une filiale à Hasselt, en plus de celle de Bruxelles, avec l’ambition de renforcer sa présence en Flandre. “Nous commençons à être une référence en Wallonie, précisent les deux frères. Mais nous voulons l’être dans toute la Belgique.”
Leurs concurrents sont assez diversifiés ; ce sont tout autant des boîtes de consultance qui envoient leur personnel dans les entreprises que des freelances qui s’attaquent aux PME de 20 à 30 personnes, le principal cœur de cible de Deuse à ce stade.
S’ils semblent cartonner aujourd’hui, les frères Deuse n’auraient pas forcément parié sur le créneau du B to B au moment de se lancer dans le business. En effet, quand ils créent leur entreprise, en 2016, la fratrie sort d’une première aventure entrepreneuriale réussie dans la bande dessinée digitale. Ils se trouvaient encore aux études quand ils ont lancé leur plateforme digitale qui importait et traduisait des BD coréennes en version numérique. Un projet qui a connu un certain succès puisqu’ils ont réussi à attirer pas moins de 100.000 lecteurs réguliers entre 2010 et 2012. “Nous avions une grosse communauté, mais financièrement, cela ne suivait pas, se rappellent les frangins. En Belgique, il était difficile de trouver des investisseurs pour soutenir notre projet”. Aussi, quand ils se voient proposer le rachat de leur plateforme par un ancien de Google, responsable produit de la plateforme Blogger qui y avait vu tout le potentiel, ils lâchent le bébé.
Une belle expérience, même si, avec le recul, les deux entrepreneurs reconnaissent avoir commis une grosse erreur. “L’acquéreur nous avait proposé de travailler aux États-Unis avec lui et de grimper au capital de son entreprise à concurrence de plusieurs pour cent, se souviennent Julien et Maxime Deuse. Nous avons refusé car nous ne nous imaginions pas vivre aux USA. Nous étions jeunes et nous avons constaté notre erreur quand, 10 ans plus tard, il a revendu son entreprise pour plus de 500 millions.”
Qu’importe puisque cette expérience dans la BD digitale (et la clause de non-concurrence avec l’acquéreur) les aura poussés à créer Deuse, une entreprise qui se trouve elle aussi sur les rails du succès…
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