Des pulls en poils de chien
A Jemeppe-sur-Sambre, Christine Hos s’est spécialisée dans la laine canine et espère créer la première filature du genre en Belgique.
Quel propriétaire de chien ou de chat ne s’est-il pas déjà dit qu’il pourrait se tricoter un pull avec tous les poils que son animal perd chaque jour? L’idée n’est pas si saugrenue: méconnu chez nous, l’usage de la laine canine est déjà répandu au Canada et aux Etats-Unis ou, de ce côté de l’Atlantique, en Suisse et en France. Christine Hos, ancienne attachée de relations publiques a franchi le pas il y a huit ans déjà, à titre personnel.
“Ma chienne Iris, un Leonberg, perdait énormément de poils lorsque je la brossais et je ne savais pas quoi en faire, à part les jeter. En effectuant des recherches, j’ai découvert qu’on pouvait filer les poils des chiens. Je me suis lancée en autodidacte. J’ai juste suivi une petite formation en filage de laine de mouton et j’ai commencé à confectionner des pelotes pour moi, puis pour la famille, des amis, des gens des clubs de chiens, etc. En filant, je me suis rendu compte que la technique fonctionnait avec la plupart des races de chien et de chat.” Seuls impératifs: les poils doivent mesurer au moins 2 cm de long et être récoltés exclusivement au brossage et conservés au sec pour éviter tout risque de moisissure.
“Le poil de chien donne une laine de qualité supérieure, très douce et très chaude, facile à travailler, c’est un produit de luxe comparable à l’angora et au mohair”, explique Christine Hos.
Comme souvent, ce qui était un hobby s’est un jour mué en projet professionnel. “Je travaillais dans l’industrie musicale et j’ai été licenciée suite à une restructuration juste avant la pandémie. Je peinais à retrouver un poste quand j’ai compris que j’avais déjà en main les cartes pour me créer un nouveau job.”
La Colline d’Iris (hommage à celle par qui tout a débuté, disparue entrtemps) a donc vu le jour. “Je travaille pour des particuliers qui m’apportent les poils de leurs animaux, que je file au rouet. Avec la laine obtenue, je crée des pelotes ou réalise des pièces textiles, des objets de déco… Il faut compter environ 75 g de poils pour confectionner une pelote de 50 g et cela prend cinq heures de travail, incluant le cardage, le filage, le lavage de la laine et le séchage. Ce n’est pas rentable actuellement, mais je démarre. J’ai la chance de recevoir pas mal de matière première via des éleveurs et des toiletteurs. Pour booster mon activité, j’ai besoin de fonds. Une cardeuse électrique, qui me ferait gagner un temps considérable, coûte déjà 2.000 euros. Je poursuis donc l’activité en mode artisanal, en faisant tout moi-même, à la main, et je me fais connaître sur des marchés et des salons en vendant mes créations.”
Soutien de Job’In Design
Soutenue par l’agence de développement Job’In Design, Christine Hos voit cependant bien plus loin et souhaiterait ouvrir, parallèlement à ses activités actuelles, une des premières filatures du genre en Belgique et distribuer ses pelotes via des boutiques spécialisées. “Idéalement, il me faudrait lever 200.000 euros, pour financer la location d’un espace et l’achat de matériel professionnel.” Affaire à suivre donc, à pas… de chien.
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