Delhaize: ce plan était-il nécessaire?
Pierre-Alexandre Billiet, professeur à The Executive Programme in Retail & Distribution Management (Solvay Brussels School of Economics and Management-ULB) répond à 3 questions sur Delhaize.
Ce plan est-il nécessaire ? En allait-il de la viabilité de l’entreprise ?
Oui il est nécessaire. Il y a un danger, car la marge opérationnelle de Delhaize est en baisse en Belgique ces derniers temps. De plus, cela correspond avec la volonté de Delhaize de se concentrer sur ses marchés importants, dont celui de la Belgique. Delhaize Belgique doit ainsi contribuer à la croissance et à la valeur ajoutée du groupe. Pour participer à cette croissance et rester compétitif sur le marché belge, il faut couper dans les coûts et investir dans les concepts commerciaux pour développer le chiffre d’affaires.
Delhaize a voulu se différencier avec des produits d’exception telle que la pâte à tartiner sans huile de palme, mais cela ne génère pas de valeur ajoutée. Ce positionnement qualitatif ne touche ni le panier moyen, ni la masse des consommateurs. Or c’est là-dessus que Delhaize doit travailler. Il doit revenir à l’essentiel.
Frans Muller ne joue-t-il pas le jeu de la Bourse ?
Oui c’est actuellement cela. Je regarde le cours de bourse et je vois que Delhaize est dans le vert. Mais en même temps c’était une condition sine qua non pour que la différence Delhaize USA et Delhaize Belgique ne s’agrandisse pas… Et qu’ils ne doivent pas se diriger vers des décisions catastrophiques. Si cette décision n’était pas prise, on risquait la perte de bien plus d’emplois.
Alors oui, il y a une raison actionnariale, mais aussi une raison économique, car Delhaize doit rester compétitif sur le marché belge or il est mis à mal avec l’arrivée d’Albert Heijn en Flandre. Les hard discounters ont une bonne croissance et le problème de Delhaize est qu’il n’arrive pas à percer sur ce marché-là. Delhaize a donc décidé d’intervenir, car c’était cela où attendre la catastrophe.
Ce plan était-il attendu ou est-ce une surprise totale ?
Ce n’est pas vraiment une surprise. C’est même une des raisons du départ de Dirk Van den Berghe (ancien CEO de Delhaize Belgique et Luxembourg). Il ne voulait pas être responsable du plan social et des mauvais résultats. Delhaize souffrait vraiment et quelque chose devait être fait. Couper dans les coûts du personnel était nécessaire. C’est ce qu’a fait Denis Knoops, le nouveau CEO.
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