Emmanuel Partsafas, ancien collaborateur de Fabien Pinckaers, a rejoint l’entreprise dear digital à Gand et lance un bureau en Wallonie pour accompagner les clients utilisant le logiciel Odoo, ou Shopify. La France suivra. Son parcours raconte l’écosystème qui profite de la licorne.
Surfer sur la vague de croissance générée par Odoo, c’est possible. Des dizaines de prestataires de services accompagnent le développement du géant wallon, désormais valorisé à plus de 5 milliards d’euros, en offrant des conseils particuliers pour tirer le meilleur profit possible de ce logiciel multifonction.
C’est le cas d’Emmanuel Partsafas, qui s’apprête à lancer en Wallonie un bureau de la société technologique gantoise dear digital. Objectif : approfondir le sud du pays, mais aussi conquérir la France. Son parcours raconte l’écosystème Odoo.
Des partenaires intégrateurs
Emmanuel Partsafas a travaillé pendant près de sept ans chez Odoo, où il fut notamment en charge des partenaires. “C’est à mon tour de me lancer dans l’aventure, même si je ne suis pas seul, nous dit-il. J’ai rejoint dear digital à Gand, qui est partenaire d’Odoo depuis quelques années pour les Pays-Bas et le nord de la Belgique. Nous lançons désormais un bureau pour le sud du pays, avec la France en ligne de mire, où Odoo n’est pas encore très présent en termes de chiffre d’affaires.”
Créé par Niels Desot, dear digital est une scale-up pleine de promesses en Flandre. Elle emploie désormais une cinquantaine de personnes. “Odoo vend son logiciel en direct, cela ne change pas, détaille Emmanuel Partsafas. Nous, en tant que partenaire intégrateur, proposons un service complet : analyses, estimations, imports de données, configurations, formations, développement et intégration.” Odoo étant un logiciel open source, il offre des multitudes de possibilités. Reste à les exploiter…
Le partenaire offre à ses clients un accompagnement sur le long terme. “Vu qu’une nouvelle version du logiciel apparaît chaque année, nous les accompagnons avec un suivi approprié, prolonge le responsable francophone de dear digital. Nous sommes totalement indépendants, même si nous travaillons en parfaite intelligence avec Odoo.”
Si cet ancien d’Odoo s’est lancé dans cette nouvelle aventure, c’est en raison de la rencontre amicale avec le fondateur de dear digital qui a ouvert une porte. “Le défi est énorme, mais j’ai déjà trouvé un profil technique pour commencer l’année prochaine, dit-il. La demande est là, nous travaillons déjà sur un très gros projet. Il reste à trouver des renforts.” Le premier client voulait créer un portail à 100% sur Odoo, soit quelque 450 heures de développement. Avec l’équipe flamande en appui, dear digital peu répondre à des besoins importants. Son bureau wallon se situerait près de Waterloo.
Accompagner la croissance
L’entreprise de Fabien Pinckaers n’ayant plus la capacité de répondre à la demande immense qu’elle génère, dear digital et les autres partenaires du même type la soulagent d’un poids. “Odoo a de la peine à gérer sa croissance, acquiesce Emmanuel Partsafas. Nous l’aidons à la gérer, tout en allant plus loin dans la personnalisation.”
Dear digital est déjà reconnu parmi les principaux partenaires de l’écosystème Odoo en Belgique. “Les partenaires représentent déjà quelque 40% du chiffre d’affaires d’Odoo, souligne Emmanuel Partsafas. Ce sont eux qui vendent les licences pour l’entreprise. Nous grandissons ensemble et nous essayons d’aller chez le client avec Odoo, directement. Cela rassure.” La société gantoise fait partie des associés Gold, une terminologie déterminée par des critères KPI (key performance indicator, indicateur clé de performance) et le nombre d’utilisateurs. Pour obtenir l’or, il faut avoir vendu 300 licences sur les 12 derniers mois.
“C’est bien de les vendre, mais il faut les activer et entretenir celles qui sont déjà actives, sourit notre interlocuteur. Odoo se concentre sur la qualité du produit et a besoin de cette armée qui la seconde auprès des clients. Il y a une centaine de partenaires en Belgique. Plusieurs milliers de clients sont venus à Odoo par ce biais.” Chacun d’entre eux se spécialise dans un secteur : pour la firme gantoise, c’est davantage le retail, ce qui sera également le cas du côté francophone. Pour être complet, le bureau travaille aussi sur Shopify. “Notre force, c’est de pouvoir combiner les deux logiciels.”
“Odoo se concentre sur la qualité du produit et a besoin de cette armée qui la seconde auprès des clients.” – Emmanuel Partsafas (dear digital)
A la conquête de la France
La France sera donc le marché à conquérir. “Quand je gérais les partenaires au sein même d’Odoo, j’ai été spécialisé sur ce pays, explique Emmanuel Partsafas. C’est un marché que je connais très bien. Le potentiel y est énorme, vu que le nombre de relais sur ce territoire n’est pas supérieur à la Belgique. Il n’y a pas encore de bureau physique pour y accélérer la croissance. Nous fonctionnons beaucoup par acquisitions, nous venons d’ailleurs de racheter un associé dans le nord-est de la Belgique. Nous sommes déjà en discussion pour racheter un partenaire français l’année prochaine.”
Fabien Pinckaers, CEO d’Odoo, se félicitait récemment, dans un entretien à Trends-Tendances, d’accompagner tous les entrepreneurs dans leur prise de risque et leur développement. Leur réussite, disait-il, est sans doute sa motivation profonde. “Je peux marcher dans la rue à Wavre et, potentiellement, démarcher pratiquement n’importe qui, souligne le patron de l’antenne francophone de dear digital. Tous les entrepreneurs ont désormais besoin d’un site, d’une gestion d’inventaire, d’un point de vente… J’éprouve un plaisir immense à faciliter la vie des gens. C’est une boîte à outils qui permet de répondre à des besoins qui semblent a priori trop chers.”
Trente mille clients par mois
L’immense majorité des chefs d’entreprise travaillent encore sur des tableaux Excel ou peinent à gérer facilement leurs données. “Notre coût s’ajoute à celui du logiciel Odoo, qui est à 34 euros par mois, mais c’est un montant qui est rapidement récupéré quand on sait que nous remplaçons 10 applications, dit-il. Quand KPMG est passé sur Odoo, ils ont remplacé 40% de leur travail manuel. Même s’ils ont dépensé 300.000 ou 400.000 euros, cela en valait largement la peine.”
Dear digital et son nouveau projet au sud du pays sont une illustration parfaite de la chaîne de valeur construite par la licorne francophone. “Il y a encore énormément de clients à conquérir, c’est passionnant, s’enthousiasme Emmanuel Partsafas, qui organise une grande réunion de lancement de l’antenne francophone le 27 novembre. Avec ce nouveau défi, je ne dors pas toutes les nuits, mais je kiffe un maximum. Je deviens un entrepreneur à part entière, moi aussi.”
Un sourire et une promesse : “Odoo, c’est 30.000 nouveaux clients par mois dans le monde. Vous imaginez ? Trente mille !”
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