Dansmazone.be peut-il sauver les librairies de presse ?
L’association Prodipress, qui représente les intérêts des libraires de presse francophones, veut créer un site d’e-commerce qui permettrait de commander des livres en ligne et de les retirer à la librairie du coin. Un projet ambitieux, dont les contours restent toutefois assez flous.
Eviter à tout prix que leurs clients ne tournent définitivement la page… En annonçant son intention de créer une plateforme en ligne proposant des livres et autres produits (jeux en ligne, par exemple) aux mêmes conditions qu’Amazon, l’association Prodipresse, qui représente les intérêts des libraires de presse francophones, ne vise rien d’autre que la survie des petites librairies de quartier. ” L’objectif est de ramener dans nos librairies les clients qui font leurs courses sur le Net, assure Xavier Deville, libraire et vice-président de l’association. Ces gens viennent déjà chez nous pour retirer leurs colis, dont beaucoup de livres. Et ce n’est pas avec la petite commission sur chaque colis que nous pouvons vivre. ”
Via cette nouvelle plateforme, les libraires seraient aussi rémunérés par une commission sur le prix de vente public des produits, et les commandes seraient facilitées. ” Il y a encore beaucoup de clients qui souhaitent acheter des livres chez leur libraire, soutient Xavier Deville. Aujourd’hui, nous devons passer commande auprès de quatre fournisseurs. Ce ne sera plus le cas avec cette nouvelle plateforme. ”
Dans un premier temps, la livraison à domicile n’est pas envisagée, l’association souhaitant partir sur un click & collect. ” Une commande passée en ligne avant la fermeture de la librairie serait livrée le lendemain matin. Les prix, eux, seront compétitifs grâce à notre groupement d’achat. ” Reste maintenant à concrétiser le projet, dont certains aspects restent assez flous. Au niveau de la logistique, par exemple, le vice-président de Prodipresse ne donne aucune précision. ” On est en train de finaliser tout ça d’ici la rentrée scolaire “, se contente-t-il d’affirmer. Côté financement, plusieurs pistes sont envisagées : crowdfunding, prêt classique, subsides régionaux, invests, etc. Mais là non plus, rien de bien précis pour l’heure.
Le défi de la notoriété
Voilà qui rend certains observateurs sceptiques quant à la viabilité du projet. Professeur de retail marketing à Solvay, Pierre-Alexandre Billiet pointe notamment le défi de la notoriété. ” Qui vont-ils toucher ? lance-t-il. Pas sûr que les gens aillent sur leur plateforme pour commander un livre car les clients vont avant tout chez leur libraire de quartier pour les journaux et le tabac. La vente de livres print se porte bien mais les librairies de presse ne sont pas parvenues à capter ce marché et à promouvoir leurs produits. C’est ce qu’elles vont tenter de faire avec cette plateforme, et elles ont raison. Mais je pense que ce sont des coûts supplémentaires pour un business qu’elles ont déjà perdu. ”
Xavier Deville, lui, y croit fermement. ” Nous bénéficions déjà d’un réseau de plus de 1.000 points de vente qui voient chacun défiler 250 à 300 clients par jour. Je n’ai pas la prétention de prendre des parts de marché aux grandes librairies et encore moins de concurrencer Amazon. Mais les gens ont besoin de proximité. ”
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