Dans les coulisses du fabricant d’isolants Exie: “Le chanvre est aussi solide que l’acier”

© Wouter Rawoens

Allons-nous bientôt isoler massivement nos maisons avec du chanvre ? Si cela ne dépendait que de la start-up Exie, ce serait déjà le cas. Elle est la seule en Belgique à pouvoir transformer cette plante en matériau d’isolation. Le fondateur, Mathieu Hendrickx, et le CEO, Jan Palmaers, n’espèrent pas seulement une révolution dans le secteur de la construction, mais veulent aussi en faire bénéficier l’industrie agricole.

Il y a des fibres de chanvre partout dans l’atelier de production. Aucune des matiè­res premières traitées par leur start-up Exie n’est perdue. Même les plus petites microfibres peuvent être utilisées.

La mission d’Exie est de renouveler l’industrie de la construction en fabriquant des matériaux d’isolation à partir de chan­vre. D’autres entreprises, dont la belge Isohemp, y voient également des avantages. La valeur ajoutée d’Exie réside dans le fait que le produit final n’est pas un chanvre à la chaux classi­que, “un gâchis détrempé qui doit sécher pendant des semaines avant que les entrepreneurs puissent continuer à travailler”, mais un CaNaDry : un matériau sec breveté qui peut être utilisé immédiatement.

Les avantages du chanvre sont nombreux. “Il est aussi solide que l’acier, mais beaucoup plus léger, explique Jan Palmaers. En tant qu’isolant, la matière première régule l’humidité dans la pièce, de sorte que vous n’avez plus besoin de climatisation.” Les entrepreneurs et les particuliers s’y intéressent de plus en plus. “L’Union européenne exerce une pression énorme sur le secteur de la construction. Les matériaux d’isolation sont aujourd’hui essentiellement constitués de déchets pétrochimiques. La demande en produits verts augmente.”

Mathieu Hendrickx était agriculteur avant d’entrer dans le secteur de la cons­truction. Il souligne que la culture du chanvre ne nécessite pas de pesticides, peu d’eau et d’engrais. “La plante pousse jusqu’à 4 mètres, ce qui représente un rendement élevé à l’hectare, poursuit Jan Palmaers. Elle purifie le sol car elle absorbe les polluants qui s’y trouvent. Une fois la plante semée, il n’est plus nécessaire de s’en occuper. Vous pouvez faire pousser la plante en trois mois et ensuite cultiver autre chose.” De cette manière, les entrepreneurs souhaitent également impliquer le secteur agricole dans le déve­loppement durable. Une façon de faire d’une pierre deux coups.

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En tant qu’ancien agriculteur, Mathieu Hendrickx n’a pas de mal à convaincre les agriculteurs locaux de passer temporairement au chanvre, lors de la phase de mise en repos des terres. Cela se fait principalement par le biais de Facebook. Exie propose de venir semer et récolter la plante elle-même. Elle se charge également de la mise en ballots. Avec une récolte de 120 hectares, soit un rendement de 8 tonnes par hectare, l’entreprise tient un an.

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Selon Jan Palmaers, Exie est la seule entreprise en Belgique à pouvoir traiter la plante de chanvre elle-même et la transformer en matériau d’isolation. Elle le fait dans une ligne dite de décortication. Les ballots de chanvre sont décortiqués, défaits et cassés. Les fibres de haute qualité restent intactes, mais les anas à l’intérieur des tiges de chanvre, à partir desquels l’entreprise fabrique le CaNaDry, s’ouvrent et tombent.

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Il s’ensuit un processus répétitif de cassage, de peignage et de criblage. Le tamis filtre complètement les anas. Les fibres de haute qualité, qui se trouvaient à l’intérieur de la tige de chanvre, entrent dans une sorte de tambour ou de tunnel d’air : un tube qui les secoue une dernière fois. Ces fibres sont semblables à celles du lin et sont vendues comme matière première pour les textiles. C’est ainsi qu’Exie travaille notamment avec l’entreprise familiale flamande Flax Ghekiere.

Les anas restants constituent la base du matériau d’isolation. On peut comparer la matière première à de la paille. Comme un canon à neige, le processus final de la ligne de décorticage pousse les matières premières en l’air.

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Le processus de transformation est terminé, mais le matériau isolant n’a pas encore été fabriqué. Pour cela, il faut d’abord mélanger les anas avec de la chaux. Le silo à chaux installé à côté de la ligne de décorticage amène la solution.

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Les produits finis d’Exie peuvent prendre différentes formes. Plus récemment, Exie a expérimenté l’isolation des sols à base de CaNaDry et de coquilla­ges. Selon Jan Palmaers, il s’agit d’une alternative locale au béton. Sur une couche de 25 centimètres de coquillages et une couche de 15 centimètres de CaNaDry, il y a encore la chape, l’isolation du sol et la finition du sol. “Une construction de sol durable, indique-t-il, sans même utiliser de béton nulle part.”

Sarah Vandoorne

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