Cook & Book ferme: le révélateur des maux de Bruxelles, de l’édition et de l’horeca
Fermeture à Uccle, maintien dans la douleur à Woluwe: l’enseigne qui allie art de la table et de la lecture souffre du malaise de trois mondes. Et c’est à pleurer.
Cook & Book, c’était un concept original pour ceux qui aiment combiner l’art de la table et de la lecture. Une librairie, logée dans un lieu où l’on peut prendre le temps de la rencontre. Des univers différents, aussi. Mais au coeur d’une Région bruxelloise en plein malaise, face à un secteur de l’édition qui est à la peine, l’idée séduisante semble avoir fait son temps.
La librairie/ restaurant fermera ses portes à Uccle, ce 8 avril. Elle maintient son activité sur le site de Wolubilis, à Woluwe-Saint-Lambert, mais cela sera un combat pour survivre. Tous les indicateurs sont défavorables. Et c’est à pleurer. Car tant Bruxelles que l’édition méritent un meilleur sort.
“L’évolution du quartier”
Deborah Drion, CEO de Cook & Book, confie au Soir combien l’évolution de la ville pèse dans la décision de tirer le volet à Uccle: “La fermeture volontaire fait suite à l’évolution du quartier, de la politique de mobilité, des vacances, tout cela dans un contexte d’augmentation galopante des coûts.”
La Région bruxelloise paie durement le prix d’une politique de mobilité chaotique. Si la nécessité de limiter la place dévolue à la voiture ne fait aucun doute, les alternatives sont insuffisantes et les contraintes pénibles: il suffit de voir les protestations contre Good Move dans plusieurs communes. L’insécurité chronique et le départ des classes sociales plus aisée sont deux autres fléaux. La volonté d’avoir des quartiers apaisés se heurte aux réalités. Et fait fuir l’activité économique.
D’ailleurs, la CEO ne cache pas que le maintien à Woluwe est conditionnel: “Sa survie ne peut se faire sans prise de consience et de décision de nos gouvernants.” Bruxelles, c’est vrai, mérite mieux que des fusillades quotidiennes.
“Le prix trop bas du livre”
Cook & Book souffre également de la crise du secteur de l’horeca, en tête des faillites qui explosent, et du livre, à l’image d’un secteur de l’édition belge qui appelle à l’aide. Ces deux univers, pourtant vertueux, croulent sous le poids des changements de comportements et des concurrences.
“C’est tout le secteur du retail et de l’horeca qui souffre, confirme Déborah Drion au Soir. Le secteur du livre souffre d’autant plus que le prix du vente est fixe, alors que les marges s’amenuisent et qu’il est impossible au libraire de répercturer les hausses de loyer, d’énergie, des salaires et autres que lui-même subit.”
L’explication, là, est à trouver dans le fait que notre secteur du livre voir son prix dicté depuis la France, où les hausses de l’énergie et des salaires ont été moins importantes que chez nous.
L’art de la table et de la lecture en danger à Bruxelles: oui, c’est à pleurer.
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