Consolidation dans le secteur du matériel orthopédique

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La société Aqtor vient de racheter trois PME belges du secteur. Elle emploie désormais 250 personnes, réparties sur 21 sites à travers le pays.

Prothèses, orthèses, semelles orthopédiques, genouillères, corsets-sièges… la gamme de produits proposés par les firmes spécialisées en orthopédie est très large. Et même quasiment infinie, car la plupart de ces produits peuvent être calibrés sur-mesure pour chaque patient, un calibrage qui s’affine d’année en année, grâce aux innovations technologiques et en particulier à l’impression 3D qui a véritablement révolutionné ce secteur. « Nous avons vécu une transformation de l’artisanat vers le digital », résume Filip Hoornaert, CEO d’Aqtor, l’un des principaux acteurs sur le marché belge. Les mesures du patient sont désormais prises par scanning, elles sont travaillées numériquement, avant l’envoi des fichiers prêts à l’impression. «Nous utilisons également l’intelligence artificielle avec des capteurs qui vont mesurer l’utilisation effective du matériel orthopédique et transmettre les données vers des applications très spécifiques, poursuit-il. Les gens sont souvent surpris par la technicité de notre métier et de nos procédés de fabrication. C’est une activité de niche qui nécessite beaucoup de savoir-faire. Mieux nous pouvons positionner le produit, plus le patient retrouvera sa liberté de mouvement. » « L’impression 3D nous permet non seulement de proposer des produits beaucoup plus précis, mais aussi de réduire le volume de déchets, par rapport à de l’usinage classique », ajoute Pascal Rase (Orthopedia).

Cette évolution nécessite des moyens financiers et humains, ce qui se traduit généralement sur le plan économique par une consolidation du secteur. C’est le cas dans l’orthopédie. Aqtor avait déjà racheté huit entreprises ces dernières années en Belgique et, ce lundi 5 juin, il annonce trois nouvelles acquisitions : Orthopedia (16 emplois à Liège et Bruxelles), Protos Medica (7 emplois à Soignies et Enghien) et Ortho + (7 emplois à Anvers). Le groupe est désormais présent sur 21 sites à travers le pays, emploie 250 personnes (dont les deux tiers sont des prestataires de soins agréés) et réalise un chiffre de 50 millions d’euros.

La consolidation ne s’arrête pas là puisque, depuis juillet 2021, Aqtor a lui-même été repris par le groupe français Eqwal. « Un de nos grands fournisseurs venait de racheter notre principal concurrent sur le marché belge de l’orthopédie technique, explique Filip Hoornaert. Cette intégration verticale pouvait renforcer leurs positions sur le marché et cela nous a fait réfléchir à notre propre stratégie. Et c’est comme cela que nous sommes entrés en contact avec Eqwal. »

Les nouvelles acquisitions permettront à Aqtor d’améliorer son implantation à Bruxelles et en Wallonie, où il était moins présent qu’en Flandre. Il élargit aussi l’expertise du groupe, en additionnant les spécialités de chacune de ces petites structures. Orthopedia avait par exemple développé une belle gamme de produits de neuropédiatrie, à destination d’enfants polyhandicapés.

C’est l’une des particularités du secteur du matériel orthopédique : ces PME distribuent certes des produits fabriqués ailleurs, mais elles disposent également de leur propre atelier où elles confectionnent des appareillages sur-mesure pour le patient. « Même quand nous sommes distributeurs de bandages, de genouillères et autres produits issus de l’industrie, les matériels sont toujours appliqués par des prestataires de soins », précise Pascal Rase, désormais intégré dans l’organigramme d’Aqtor. « En unissant nos forces, nous pouvons élargir la palette de soins, aider les patients plus rapidement et de manière plus efficace », conclut Filipe Hoornaert.

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