Comment s’organisent les écoles de tourisme et de l’horeca quand ces secteurs sont à l’arrêt?
Comment les écoles de tourisme s’organisent-elles alors que les secteurs du tourisme de l’horeca et de l’événementiel sont les plus impactés par la crise sanitaire ? On a posé la question à Géraldine Génicot, Responsable Académique & Planning de l’Institut Charles Péguy à Louvain La Neuve.
Depuis plus de 50 ans, l’Institut privé Charles Péguy propose des formations pratiques et concrètes, qui se veulent en adéquation avec le monde professionnel des secteurs d’activités qui y sont enseignés: le tourisme, l’horeca et l’événementiel.
Pratiquement comment une école, comme la vôtre, fait-elle pour continuer à donner cours en ces temps de crise sanitaire?
Actuellement, nous avons connu beaucoup de changements. Nous sommes une école supérieure privée qui est très centrée sur la pratique et tous nos chargés de cours sont issus du milieu professionnel. Ils viennent donc donner quelques heures de cours et partager leur savoir et leur expérience.
Nous avons bien évidemment une base théorique, cela a sans doute été la partie des cours la plus facile à adapter avec cette pandémie. Mais pour la partie pratique, nous avons essayé de nous réinventer pour amener de l’interaction dans ces cours pratiques quand ceux-ci se donnent à distance. Ainsi, pour le distanciel, nous sommes passés par la plateforme Smartschool, qui est utilisée en humanités. Nous leur avons demandé quelques aménagements entre les deux confinements, ainsi lors du 2e confinement, nous avons pu rebondir pour donner nos cours à distance.
Comment continuez-vous à former vos élèves à ce côté pratique?
En général, nos étudiants apprécient beaucoup les cours en présentiel pour avoir une interaction avec le monde professionnel. L’année passée, par exemple l’épreuve technique (qui est basée sur des appels d’offres que font les étudiants et qui est très pratique) a dû se faire entièrement en vidéo. Cette année, avec la reprise progressive des cours et des travaux pratiques en présentiel, cette épreuve pourra se donner en présentiel. Un autre exemple, un exercice de front office en hôtellerie, où le non verbal a son importance et est présent… Mais certains acteurs ont intégré la vidéo dans leurs habitudes. Même s’il est clair que le distanciel rend les choses plus compliqués dans des cas comme ceux-ci.
Et on se rend compte que cela ne sera pas appelé à disparaître du jour au lendemain. Par exemple, certains aspects du secteur du tourisme peuvent se faire à distance. On peut visiter à distance un hôtel quand on ne peut pas se déplacer (comme maintenant) ou qu’on n’a pas le temps de le faire (à l’avenir). Certaines pratiques du distanciel continueront donc à être intégrées à l’avenir, même lorsqu’on reviendra à la normale.
La motivation des élèves est-elle toujours présente ?
C’est compliqué pour tout le monde… Tout d’abord pour nos étudiants qui nous ont choisi pour le côté pratique. On sent clairement que le moral des troupes est à la baisse. L’idée est justement que cet événement vienne mettre un peu de baume au coeur. Les gens ont besoin d’interactions entre eux, nous savons que nous y reviendrons, nous n’avons aucun doute sur le fait que nos secteurs repartiront de plus belle !
Ce sont des secteurs centraux, des secteurs (horeca, tourisme et événementiel) de l’HOSPITALITE. Les liens humains sont actuellement manquants. Or, on en a besoin ! Tout le monde recherche cette hospitalité. Ces secteurs vont donc redémarrer car ils nous manquent, ils manquent à tout le monde.
Et pour vos professeurs ?
Nos professeurs ont également dû adapter leur cours pour garder les étudiants le plus motivés possibles, même si ce n’est pas toujours évident à distance. Les profs leur proposent des situations, des mises en scène… afin de les garder les plus attentifs possible.
De notre côté, nous organisons beaucoup de de visites virtuelles pour leur montrer, pour les balader malgré tout, même si c’est à distance. Nous essayons, malgré les écrans et au travers d’eux, de souligner les aspects pratiques du tourisme, de l’horeca et de l’événementiel, afin de montrer à nos étudiants de quoi est fait le quotidien de ces secteurs, même si actuellement ce quotidien est bien perturbé.
Mais les travaux pratiques ont pu reprendre récemment et cela leur fait du bien de pouvoir à nouveau travailler sur les soft skills.
Et concernant l’organisation des stages?
L’an passé, nous avons commencé en présentiel pour terminer l’année en distanciel. Cette année, nous l’avons directement commencé en distanciel, mais avec un suivi très pointu en ce qui concerne les stages de nos étudiants. Nos étudiants ont des échanges et des mises au point plus que réguliers avec leurs maitres de stage. Bien sûr, ils auront perdu certains aspects… Mais cette crise sanitaire les aura aussi fait beaucoup travailler sur leur autonomie et cela c’est un aspect positif. Ils auront appris à travailler avec des entreprises qui doivent s’adapter, se remettre en question. Pour certains, ils auront même pris part à cette réinvention de l’entreprise.
Cette pandémie est-elle une opportunité pour se réinventer en tant qu’école?
On s’interroge régulièrement sur nos programmes, pour voir s’ils sont toujours en adéquation avec la réalité du terrain. Ce sont des questions que l’on se pose. En tant qu’école privée, nous avons cette liberté de pouvoir adapter nos programmes de cours en fonction du secteur, lorsque la réalité du terrain change, de choisir des professionnels et non des professeurs.
Vu que nous ne dépendons pas de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous avons cette liberté de pouvoir nous remettre en question, de nous réinventer, de revoir nos programmes de cours ou d’en développer de nouveaux ou de nouveaux types de cours (cours du soir ou cours à distance, par exemple).
Comment voyez-vous l’évolution de vos secteurs d’activités ?
Pour l’hôtellerie, l’horeca et l’événementiel, nous ne nous inquiétons pas trop. C’est plus le secteur du tourisme qui pose question. Déjà, car les métiers du tourisme sont des métiers qui, à cause ou grâce à internet, ont beaucoup évolué ces dernières années. Avant, on entrait simplement dans une agence de voyage avec son guide du Routard sous le bras. Aujourd’hui, avec internet et les recherches que les gens ont déjà effectuées pour leur voyage, l’agent a dû passer de simple intermédiaire à “concepteur” des produits vendus. Le souci est que le secteur a eu un peu de mal à s’adapter, même si, petit à petit tout ce secteur travaille maintenant avec internet (et non plus contre internet).
Aujourd’hui avec la crise sanitaire mais aussi avec la crise climatique, il en est fini du tourisme de masse, et c’est tout le secteur qui doit se remettre en question… On ne peut plus scier la branche sur laquelle on est assis. C’est tout le tourisme qui doit se remettre en question et se réinventer car c’est bien beau d’aller construire des bungalows sur pilotis aux Maldives, cela fait carte postale. Mais les pilotis cela abîme les coraux et sans coraux, la nature des océans est modifiée, et si les océans changent, il n’y aura plus rien, et donc plus de tourisme aux Maldives. Plutôt que de scier la branche sur laquelle on est assis, il faut la cultiver !”
Comment se déroulera votre Journée Portes Ouvertes cette année ?
Concernant la journées portes ouvertes (ndlr ; le samedi 20 mars dès 10 heures), nous n’en organisons pas en temps normal car nous louons nos locaux et auditoires à l’UCLouvain, cela n’a donc pas de sens d’organiser des portes ouvertes pour faire visiter l’école.
D’habitude, à Carnaval, nous invitons des élèves de rhéto à venir suivre nos cours, mais nous n’avons pas pu le faire cette année. C’est pour cela que nous organisons cette journée, mais même si elle est virtuelle, le but n’est pas de filmer nos locaux ou de présenter les profs. Nous voulons, en matinée, faire une présentation de l’institut sous forme de conférence : son histoire, ses points forts, les possibilités qu’il offre… Tandis que dans l’après-midi, nous détaillerons le programme de nos cours. Chaque secteur a une heure différente, ainsi les personnes assistant à cette porte ouverte pourront vraiment choisir la séance qui les intéresse. Pour amener de l’interaction, il y aura des interventions et interviews d’élèves actuels, mais aussi d’alumni qui ont terminé leur parcours (ce qu’ils font, ce qu’ils deviennent…) et des professionnels.
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