Comment Shein et Temu ébranlent l’industrie mondiale du fret aérien
La popularité croissante de l’ultra fast fashion met sous pression le secteur aérien. Les acteurs ont de plus en plus recours au fret aérien pour livrer vite et assurer les tendances éphémères auprès de la clientèle.
Shein et Temu ce sont ensemble près de 600.000 colis envoyés aux États-Unis chaque jour, selon un rapport du Congrès américain de juin 2023. L’essor fulgurant de ces plateformes commerciales vendant des produits fabriqués en Chine a été alimenté par une faille vieille de plusieurs dizaines d’années et qui permet à des produits bon marché d’être livrés sans frais de douane. Poussé par une forte demande pour ses vêtements à bas prix, Shein représente à lui seul un cinquième du marché mondial de la fast-fashion, selon Recherche Coresight.
Déjà critiquées pour leur modèle, la fast fashion et l’ultra fast fashion sont maintenant pointées du doigt pour le recours au transport par avion. Ces derniers ont de plus en plus recours au fret aérien afin de livrer rapidement la clientèle. L’utilisation de l’avion à la place du bateau n’est pas nouveau en soit – une hausse spectaculaire avait été remarquée lors de la crise du canal de Suez qui avait paralysé le trafic – mais ce sont surtout les volumes transportés qui posent problème. Shein par exemple a expédié 5.000 tonnes d’articles de modes par jour dans le monde entier rien que l’année dernière. Quant à Temu, elle en a livré environ 4.000 par avion. A titre de comparaison, Apple transporte 1.000 tonnes maximum par jour.
Capacité aérienne limitée
Les expéditions transfrontalières des acteurs de la fast fashion occupent désormais environ un tiers de la capacité mondiale des avions-cargos longue distance, selon la société de médias de transport transfrontalier Baixiao. La croissance de Shein et Temu réduit alors l’espace disponible pour d’autres industries dans le domaine du fret aérien et ce alors que le transport par voie maritime reste très compliqué en raison des perturbations en Mer Rouge. A long terme, la demande croissante de fret de la fast fashion pourrait évincer les clients traditionnels, qui se disputent une capacité aérienne limitée.
D’autant que les livraisons provoquent un certain déséquilibre commercial “avec de grandes quantités de marchandises quittant la Chine mais avec des volumes de marchandises étant beaucoup plus faibles au retour”, a affirmé Niall van de Wouw, directeur du fret aérien pour la plateforme d’analyse comparative des tarifs de fret aérien et maritime Xeneta à Reuters.
Si Shein et Temu semblaient déjà reigner sur le secteur de la mode, elles semblent devenir également incontournables dans le secteur aérien.
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