Charles Jacques (MaSTherCell), “le couteau suisse du CEO”
Quand on voit ce qu’a déjà accompli Charles Jacques à presque 33 ans, on se dit que la valeur n’attend pas le nombre des années.
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Après ses études en sciences de gestion et deux années au sein d’une société de consultance, Charles Jacques rejoint la société biotech MaSTherCell (précédemment son client) en 2016, en tant que contrôleur de gestion. A l’époque, l’entreprise se débat dans des difficultés financières, mais le jeune cadre est attiré par le dynamisme du secteur, la mission sociétale de l’entreprise et l’esprit qui anime les équipes. Ses compétences sont vite remarquées par Denis Bedoret, le CEO, qui lui propose de faire fonction de CFO.
Nous sommes en 2018 et la maison mère de la société carolo, le groupe israélo-américain Orgenesis, vient d’entrer sur le Nasdaq. MaSTherCell doit donc se mettre aux normes de gouvernance et comptables américaines, et adopte les comptes trimestriels. Parallèlement, Charles Jacques pilote la digitalisation de la société. “Nous étions une petite entreprise mais devions nous organiser comme un grand groupe , se souvient-il. J’avais tout juste 29 ans et la société avait connu en 10 ans sept responsables financiers différents .”
Le stress et les difficultés financières de la société expliquent peut-être cette rotation, ainsi que l’environnement particulier des start-up et des scale-up: “Le CFO doit y jouer le rôle du couteau suisse du CEO et gérer aussi bien les aspects opérationnels que techniques ou stratégiques”. Charles Jacques est jeune, mais ce rôle multitâche lui plaît. Seul au départ, il construit un département finance et surtout accompagne la croissance formidable de MaSTherCell qui, entre 2016 et aujourd’hui, triple son chiffre d’affaires, devient rentable et voit son personnel passer de 50 à plus de 300 employés.
En 2018 aussi, un fonds de private equity américain, Great Point Partners (GPP), entre dans l’actionnariat. Il pousse à une plus grande autonomie de MaSTherCell en termes d’organisation afin de faciliter une revente. Car en peu de temps, la société est devenue un leader de la thérapie cellulaire, intéressant les grands du marché. “Tout s’est fait très vite, se rappelle le CFO. GPP avait noué des contacts avec Catalent et d’autres candidats. Nous les avons rencontrés fin novembre 2019. Fin décembre, nous entrions dans la période de due diligence. Et la société était vendue à Catalent le 10 février.” Pour 315 millions de dollars. “L’opération a pu se faire rapidement parce que nous avions réalisé en amont tout ce travail de structuration de la société, ce qui nous a permis d’arriver sur la table avec des dossiers construits.”
Faites confiance aux jeunes, à leur dynamisme, à leur envie d’apprendre
Trouver l’équilibre
La leçon qu’il retire de cette aventure? “Aux dirigeants d’entreprise, je veux dire: faites confiance aux jeunes, à leur dynamisme, à leur envie d’apprendre. Ma leçon personnelle est qu’il faut savoir trouver un équilibre pour mener de front une vie familiale et une vie professionnelle épanouies.” Equilibre trouvé, puisque Charles Jacques a rencontré son épouse chez MaSTherCell et qu’ils ont maintenant une petite fille. Mais après ces riches années, Charles Jacques, qui se définit comme “entrepreneur dans l’âme”, désire tourner la page. “Dans ma tête, la décision est prise. Je vais m’orienter vers une nouvelle aventure. Je veux retourner vers un environnement de PME plus agile où j’ai davantage de plaisir à travailler.”
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