Lire la chronique d' Amid Faljaoui
C’est l’histoire du PDG de Danone qui vient de perdre la moitié de ses pouvoirs suite à une fronde des actionnaires…
Chez Danone, c’est enfin le soulagement : la crise connait enfin un dénouement. Il faut avouer que la crise a grondé pas mal ces dernières semaines. La tête du patron, en l’occurrence Emmanuel Faber, avait été mise en vente par des fonds activistes.
Ces fonds, qui disposent de 2 ou 3% des actions totales de Danone, voulaient couper la tête du patron de Danone. Ce qu’on lui reprochait ? D’abord, ils sont polis, ils disent qu’ils n’ont rien conte lui personnellement, mais ils constatent que les résultats financiers de Danone sont moins bons que ceux de ses concurrents, Nestlé ou Unilever. Ces fonds activistes estiment aussi qu’il y a eu trop de restructurations au sein de Danone : 5 en 7 ans. C’est pour eux une perte de temps et d’énergie, alors que la croissance et les marges de Danone souffrent de la crise sanitaire.
Bien entendu, ces actionnaires frondeurs reprochent surtout au patron actuel d’avoir laissé le cours de l’action Danone perdre un tiers de sa valeur depuis septembre 2019. Et puis, sans le dire ouvertement, ce que reprochent ces fonds activistes à Emmanuel Faber, c’est d’avoir trop pris la parole sur la mission de Danone, sur ce qu’on appelle aujourd’hui sa “raison d’être” et qui est très à la mode au sein des grandes entreprises. C’est vrai qu’Emmanuel Faber parle avec beaucoup de brio de sa vision d’une entreprise Danone plus verte, plus sociale et davantage tournée vers le long terme. S’ils sont d’accord avec ces principes, ce qu’ont rappelé ces fonds activistes, c’est que c’est bien d’avoir des projets sociétaux, mais il faut aussi et d’abord s’occuper de sa comptabilité et des rayons alimentaires.
Le message a été bien compris, et depuis le début de cette semaine, Emmanuel Faber a dû faire un pas de côté. Il était à la fois directeur général et président de Danone. Il perd désormais la direction opérationnelle et ne sera plus que président. Cela a soulagé les syndicats, qui étaient derrière ce patron atypique, et Faber a pu sauver la face. Officiellement, car même en tant que président, il sera désormais affublé d’un vice-président qui était pressenti pour prendre sa place à la tête du conseil d’administration. C’est ce qu’on appelle avoir une belle-mère !
La leçon de tout cela ? Quand un PDG s’emballe pour une grande vision sociétale, autrement dit, lorsqu’il dit qu’il préfère la paix à la guerre, l’été à l’hiver, ce à quoi tout le monde ne peut qu’être d’accord, il a aussi intérêt à d’abord avoir des chiffres qui plaident pour sa cause, sans quoi, c’est le débarquement assuré.
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