C’est (déjà) l’heure des vendanges en France
Vu l’été exceptionnellement sec et chaud que nous connaissons en Europe occidentale, les vendanges ont déjà débuté dans certaines régions de France. On estime la précocité entre deux et trois semaines. Cette année, comme dans d’autres secteurs, la recherche de main-d’oeuvre n’est pas simple.
Un été exceptionnel
Dans le Bordelais, on estime que, depuis 1988, les vendanges débutent en moyenne 13 jours plus tôt que lors des six siècles précédents. C’est encore pire cette année vu l’été exceptionnellement sec et chaud que nous connaissons. Dans l’ensemble des bassins viticoles français, on annonce une précocité de deux à trois semaines par rapport aux dernières années. Dans le Languedoc-Roussillon, certains ont déjà débuté la récolte à la fin juillet, d’autres début août. En Belgique, où un millésime d’exception s’annonce (à moins d’orages dévastateurs avec grêle), on s’attend à vendanger dès la mi-septembre.
Un travail éreintant
En France, bon an mal an, environ 400.000 saisonniers participent aux vendanges. C’est un travail éreintant qui demande de la résistance et de l’attention mais dont l’ambiance et la solidarité laissent des souvenirs indélébiles. Est-ce l’effet d’un été chaud ou de la même crise de main-d’oeuvre qui frappe tous les secteurs? Toujours est-il que l’on ne se bouscule pas pour vendanger cette année. C’est encore pire que l’an dernier. Pierre Fabre, vigneron dans l’Aude, au Château de Gaure, confirme. “Avant, dès que je mettais l’annonce sur le site du Pôle Emploi, je recevais énormément de candidatures, dit-il. Là au bout d’une semaine, je n’ai que deux réponses. C’est du jamais vu.” Pierre Fabre n’est pas le seul à se poser des questions. A l’heure d’écrire ces lignes, près de 1.600 offres d’emploi (souvent pour une dizaine de postes disponibles) sont toujours vacantes sur le site de l’Onem français. Sur Vitijob, le site spécialisé, la situation est comparable.
Payé au Smic
Pour se faire une idée, un vendangeur en France est payé au Smic horaire brut, soit 11,07 euros, auquel peut s’ajouter une série de primes: prime d’assiduité de 10 euros par jour ou surprime de 10% pour être venu tous les jours, prime de portage, etc. Le lunch et/ou le petit-déjeuner sont très souvent offerts. Quant à l’hébergement, c’est au cas par cas. Ce qui, vu le salaire bas proposé, peut être problématique. Mais à cause de la raréfaction des candidats, certains vignerons en sont venus à renégocier les salaires. Plusieurs régions et départements ont aussi lancé des initiatives qui permettent à des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active ou minimum vital) de vendanger et d’être payé sans perdre leurs allocations.
Les alternatives
Face à la désaffection des saisonniers habituels et des étudiants, nombreux sont les vignerons qui font appel à des sociétés spécialisées qui, toute l’année, fournissent des ouvriers agricoles à la demande, un business devenu florissant. D’autres ont décidé de se passer de bras et de vendanger avec des machines. Un investissement qui s’amortit lentement mais qui évite bien des tracas.
Quid de l’oenotourisme?
Le Château Yquem fait appel chaque année à la même équipe de vendangeurs parmi lesquels se trouvent moult retraités venus de toute la France. C’est considéré comme un honneur de vendanger à Yquem. Répandu, le tourisme des vendanges est désormais une pratique très encadrée par l’Etat pour éviter les abus et les fraudes. Il n’est acceptable que dans le cadre d’une prestation oenotouristique limitée dans le temps et payée par le “vendangeur” sans aucun lien de subordination avec le vigneron ni objectif de productivité. Aussi sympathique que cette découverte soit (souvent un demi-jour complet), ce n’est pas elle qui va résoudre le problème de main-d’oeuvre.
11,07 euros
Le montant du Smic horaire brut depuis le 1er août 2022, de rigueur pour le métier de vendangeur. Soit 1.678,95 euros sur base d’une semaine légale de 35 heures.
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