Caterpillar: pourquoi une telle onde de choc?

© Belga

Après le choc de la fermeture de Caterpillar Gosselies, les questions. Sur le poids de l’entreprise dans le Hainaut. Il est considérable. Sur l’impôt payé par le groupe. Il est à première vue normal.

La nouvelle est tombée le 2 septembre comme un couperet. Caterpillar Gosselies va fermer : 2.200 emplois directs passent à la trappe, plus 4.000 emplois indirects auprès des prestataires divers (gardiennage, nettoyage, etc.). Mark Thompson, un des responsables financiers de Caterpillar, a expliqué la décision par le mauvais état du marché, la surcapacité et l’étendue du site de Gosselies qui coûte cher à l’entretien et le fait que la production puisse être délocalisée facilement en Chine et en France. Gosselies fait ainsi les frais du plan d’économie annoncé fin 2015 et qui vise à supprimer entre 10.000 et 15.000 emplois et une vingtaine de sites. Le choc est considérable. Mais après les commentaires à chaud, subsistent encore certaines questions.

Pourquoi une telle onde de choc ?

Pour le Hainaut, Caterpillar était un acteur économique considérable, comme le lecteur de Trends-Tendances pouvait le constater à la lecture du Top provincial paru en avril dernier. Caterpillar était en effet la première entreprise en termes de création de valeur (304,9 millions d’euros de valeur ajoutée en 2014, une excellente année il est vrai). C’était aussi un des trois premiers employeurs de la province, même si l’entreprise avait déjà subi une vaste restructuration en 2013 qui avait fait passer ses effectifs de 3.700 à 2.200 personnes. Mais Caterpillar restait néanmoins (toujours sur base des chiffres de 2014) le principal contributeur hainuyer aux deniers publics, avec 53,6 millions d’euros en impôts et charges diverses.

Caterpillar a-t-il vraiment éludé l’impôt ?

Non. Certes, certains ont souligné que le groupe n’a payé que 3 % d’impôt en moyenne par an… Mais le groupe américain possède chez nous une dizaine de sociétés, dont nous retiendrons les deux principales. Caterpillar Belgium abrite l’entreprise qui construit des engins de construction à Gosselies. La société a réalisé un bénéfice brut de 14,2 millions d’euros en 2013, 40,2 millions en 2014 et 16,5 millions en 2015. Elle a payé respectivement 4,1 millions, 5,9 millions et 5,5 millions d’impôts, soit un taux d’imposition de 33 % en 2015, 15 % en 2014 et 29 % en 2013…

Mais Caterpillar possède aussi une autre société importante chez nous : Caterpillar Group Services, qui joue le rôle de ” banque interne du groupe “. Elle a bénéficié des avantages fiscaux liés aux centres de coordination puis à ceux liés aux intérêts notionnels. Ces avantages ont permis à Caterpillar Group Services d’économiser 149 millions d’impôts entre 1994 et 2015. Ainsi, lorsque l’on dit que Caterpillar n’a payé que 3,4 % d’impôt annuel en moyenne entre 1994 et 2015, on parle donc du taux d’imposition de cette filiale financière.

On ajoutera que Caterpillar n’a pas bénéficié de subvention. La région conditionnait ses aides à un maintien de l’emploi. ” Caterpillar n’a jamais voulu accepter ces conditions, ce qui, c’est vrai, était quelque chose qui nous inquiétait “, a indiqué le ministre-président wallon Paul Magnette.

Caterpillar est-elle une société en difficulté ?

Non, mais elle est moins profitable. La baisse de croissance mondiale a fait passer le chiffre d’affaires de 66 milliards de dollars en 2012 à 40 milliards de dollars. Le groupe américain n’a jamais caché vouloir privilégier l’intérêt des actionnaires. Entre 2012 et 2015, son bénéfice est passé de 8,6 à 3,3 milliards de dollars, soit un bénéfice par action passant de 8,48 dollars en 2012 à 3,50 dollars en 2015. Dans le même temps, le dividende a progressé de manière continue de 2,02 à 3,01 dollars par action (soit un rendement de 3,8 % sur base du cours actuel). La Bourse a salué la performance, en faisant grimper l’action de 17 % ces 12 derniers mois. Une ” performance ” rendue possible par des rachats d’actions et des plans d’économie… dont Gosselies vient de faire les frais.

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