Le coût des frais annexes liés aux bagages en avion ne cesse d’exploser dans le monde, provoquant une vague d’indignation parmi les consommateurs et les autorités européennes.
En 2024, les compagnies aériennes américaines ont généré plus de 7 milliards de dollars uniquement grâce aux frais de bagages enregistrés rapporte la BBC, un phénomène qui s’étend désormais à l’Europe et aux compagnies desservant la Belgique. Autrefois inclus dans le prix du billet, les services comme l’enregistrement des bagages, la sélection des sièges ou encore les repas à bord sont désormais facturés séparément, une pratique initiée par les compagnies low cost, dès 2006. Aujourd’hui, des acteurs majeurs sur le marché belge comme TUI fly, Ryanair, EasyJet ou Brussels Airlines appliquent des tarifs variables pour les bagages, souvent jugés excessifs par les passagers.
Par exemple, TUI fly propose des tarifs allant de 28 à 75 euros selon le poids et la destination, avec des suppléments pouvant atteindre 50 euros par bagage payé à l’aéroport, selon les informations publiées sur son site. De leur côté, les compagnies low cost irlandaises et britanniques comme Ryanair et EasyJet ont instauré des frais pour les bagages en cabine, une pratique qui a suscité une récente plainte collective portée par des associations européennes dont Test Achats.
La controverse autour des bagages à main
Selon la jurisprudence de la Cour de justice européenne de 2014, le transport d’un bagage à main « raisonnable » doit être inclus dans le prix du billet. Pourtant, Ryanair facture jusqu’à 36 euros, EasyJet jusqu’à 43 euros, et Vueling jusqu’à 280 euros pour des bagages s’il s’avère que les dimensions définies par la compagnie ne sont pas respectées, selon l’analyse de leurs tarifs effectuée par un collectif d’associations de consommateurs (dont l’UFC-Que choisir), détaille le site du Parisien. Cette facturation est dénoncée comme abusive par les associations de consommateurs, qui ont saisi la Commission européenne pour faire cesser ces pratiques.
Autre point litigieux : les dimensions permettant de définir le format (petit ou grand) d’un bagage à admis à bord se révèlent particulièrement hétérogènes d’une compagnie à l’autre. Un bagage accepté sur un vol Easyjet ne le sera pas forcément sur un vol opéré par Ryanair.
Impact pour les voyageurs belges
Pour les passagers belges, cette évolution signifie une vigilance accrue lors de la réservation de billets, avec un examen attentif des conditions tarifaires liées aux bagages. Les voyageurs doivent désormais anticiper ces coûts additionnels, qui peuvent considérablement augmenter le prix final du voyage.
Cette situation pousse de nombreux voyageurs à privilégier les petits bagages à main pour éviter ces frais, ce qui a entraîné une forte augmentation des ventes de valises compactes adaptées aux dimensions maximales autorisées en cabine. Kirsty Glenn, directrice générale de la marque de valises britannique Antler, confirme sur le site de la BBC une forte hausse de la demande pour ces valises respectant les dimensions maximales autorisées. « Nous avons observé un pic énorme de recherches en ligne et sur notre site, » explique-t-elle. À propos d’un nouveau modèle lancé en avril, elle ajoute : « Cela témoigne de la tendance à ne voyager qu’avec un bagage à main, il se vend comme des petits pains. »
Succès sur TikTok
Parallèlement, le contenu sur les astuces de voyage et les valises compatibles avec les normes des compagnies aériennes a explosé sur les réseaux sociaux, selon la journaliste spécialisée en voyages Chelsea Dickenson, très suivie sur TikTok. « Les réseaux sociaux ont vraiment propulsé l’idée qu’il faut un bagage aux bonnes dimensions, » explique-elle à la BBC. Avec près d’un million d’abonnés, ses vidéos sur les bagages sont désormais centrales dans sa production. « Ça me sidère» confie-t-elle à la BBC. « Je peux passer des semaines à préparer un grand voyage, mais mes vidéos les plus vues sont celles où j’achète une valise pas chère, je la teste à l’aéroport et je rapporte les résultats. »
Vers une harmonisation des règles en Europe ?
Face à cette controverse, les États membres de l’Union européenne discutent actuellement d’une réforme visant à clarifier les règles concernant la facturation des bagages à main. Une proposition récente envisage de limiter la gratuité à un seul petit bagage pouvant être placé sous le siège, avec une possible facturation pour les bagages plus volumineux en cabine, rapporte Euronews. Cette réforme, si elle est adoptée, pourrait bouleverser les pratiques commerciales des compagnies aériennes opérant en Belgique.
D’autres modèles possibles
Il existe cependant d’autres modèles, comme celui de la compagnie indienne IndiGo. Son patron Pieter Eibers explique qu’elle ne facture pas les bagages enregistrés. « Notre philosophie est différente, » dit-il à la BBC. « Nous ne voulons pas de longues files d’attente ni de débats interminables aux portes d’embarquement sur le poids des bagages. Nous n’avons rien de tout ça. Nous faisons tourner nos avions en 35 minutes. »
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