Amélie Jacques était juriste: elle a tout plaqué pour devenir bergère 2.0
“Il faut faire le travail de deuil de son salaire. On vit autrement” témoigne Amélie Jacques qui était juriste au guichet d’entreprise à l’UCM avant de lancer Sheep Solution.
Difficile de faire plus radical comme changement de vie… Amélie Jacques était juriste au guichet d’entreprise à l’UCM, une fonction qu’elle a occupée pendant un peu plus de sept ans. Mais un burn-out et un infarctus l’ont éloignée de son travail, au point de ne plus pouvoir y retourner. Ces épreuves l’ont incitée à réfléchir à ses souhaits professionnels, à écouter son envie d’entreprendre, d’être autonome. Surtout, elle ne voulait plus rester plantée devant un PC ; l’envie de travailler dehors la titillait. C’est en regardant un reportage sur l’écopâturage (ou écopastoralisme), ce mode écologique d’entretien des espaces naturels et du territoire par des herbivores, que le déclic est arrivé.
Accompagnée de Céline Ernst, une amie ingénieure agronome, Amélie Jacques lance Sheep Solution. Concrètement, les deux amies proposent aux entreprises d’installer des moutons dans leurs espaces verts pour les entretenir. Amélie et Céline prennent en charge tous les aspects liés à la présence des animaux sur les parcelles des entreprises: installation, soins sanitaires et curatifs, tonte, etc. Les moutons y restent à l’année. Leur nombre dépend de la taille des espaces à entretenir.
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Phases d’euphorie
Le modèle est simple: un abonnement en fonction du nombre de moutons. Comptez 250 euros par mois pour deux moutons, suffisants pour un terrain de 20 ares. Les deux entrepreneuses ont commencé petit, avec seulement quatre bestiaux. Aujourd’hui, elles en comptent une centaine et travaillent avec des clients comme le BEP à Namur, l’UCM, Thomas & Piron, des maisons de repos ou des centres hospitaliers. Convaincre les entreprises d’adopter l’écopâturage n’est pas toujours simple: elles craignent les odeurs, que le résultat ne soit pas à la hauteur, etc. Mais certaines y voient une manière originale et environnementale de gérer l’entretien de leurs jardins.
Amélie Jacques se dit satisfaite de son changement de vie. “Je ne savais pas précisément à quoi m’attendre, confie-t-elle. J’avais envie de flexibilité et c’est un bel avantage. Mais je ne m’attendais pas à autant de up and down. En tant qu’entrepreneuse, on passe de phases d’euphorie à de sérieuses moments de découragement.” Reste que le plus gros changement est financier: “Je ne touche que le minimum, admet la Namuroise. Il faut faire le travail de deuil de son salaire. On vit autrement.” Mais les épreuves vécues lui permettent de relativiser. Et aux yeux d’Amélie Jacques, la qualité de vie n’a aucun prix.
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