Air Belgium proche d’un retour à la rentabilité
Air Belgium a clôturé l’année 2022 sur une perte de plus de 44 millions d’euros, indique lundi la compagnie aérienne basée à Mont-Saint-Guibert (Brabant wallon). Elle s’attend cependant à un retour à la rentabilité dans le courant du troisième trimestre 2023.
Avec une progression des ventes de 74% par rapport à 2021, Air Belgium a enregistré un chiffre d’affaires de 228 millions d’euros, contre 131 millions durant l’exercice financier 2021. L’augmentation est liée à la croissance simultanée du transport de passagers (+39,9%), encore fortement affecté par les effets de la pandémie de coronavirus en 2021, et de marchandises (+63,3%), explique l’entreprise dans son bilan annuel 2022 publié sur le site de la Banque nationale.
Les vols réguliers passagers ont en effet pu reprendre après la crise du Covid-19 et la société a poursuivi ses opérations “ACMI”, c’est-à-dire d’affrètement d’avions pour d’autres compagnies aériennes, pour le compte de l’armateur français CMA-CGM, commente-t-elle lundi. Cependant, les coûts pour la compagnie (salaires revus fortement à la hausse en raison de l’indexation salariale, prix du carburant et manque de rentabilité sur certaines lignes) ont littéralement explosé l’an dernier, passant de 152 millions d’euros à 302,8 millions d’euros. Air Belgium a également souffert de la livraison tardive de deux avions passagers, qui ne sont entrés en service qu’après la haute saison estivale, lui faisant manquer cette saison importante pour les opérations ACMI.
Une perte nette de 44.6 millions
Il en résulte donc une perte nette de 44,6 millions d’euros, pour quasi -12 millions d’euros au 31 décembre 2021. Cette perte est liée à la forte augmentation du prix du carburant conjuguée à une évolution négative du taux de change euro/dollar consécutive à la situation géopolitique en Ukraine, situe Air Belgium. “Cette situation a eu un impact direct sur la rentabilité de l’activité passagers mais également sur la demande de service de transport passagers en propre ou ACMI et Charter (des clients spécifiques voulant transporter des passagers, comme des croisiéristes, ou du cargo, NDLR).” La perte cumulée depuis le lancement des opérations de la compagnie, dont la Région wallonne est l’un des principaux actionnaires, atteint désormais plus de 91,6 millions d’euros, selon le bilan financier de l’entreprise.
Suspendre les vols vers des destinations non rentables
Face à ces pertes, la compagnie a décidé de progressivement suspendre ses vols vers des destinations non rentables fort sensibles aux prix telles que les Caraïbes et les Antilles françaises. Elle justifie cela par une “concurrence extrême” des compagnies aériennes nationales françaises, qui ont proposé des tarifs inférieurs de près de 50%. Air Belgium continue par contre d’opérer ses liaisons vers l’Île Maurice et l’Afrique du Sud, où des vols entre Bruxelles, Johannesbourg et Le Cap sont assurés depuis septembre dernier. La capacité des avions libérée (la flotte comptant 10 avions – 6 cargo et 4 passagers, NDLR) a ensuite été allouée aux clients Charter et ACMI. “L’année 2022 a donc été une année positive au niveau des ventes, mais pas encore au niveau de la rentabilité”, pointe lundi Air Belgium. Le transporteur table sur un retour à la rentabilité d’ici le troisième trimestre 2023.
D’après le site d’information L-Post, citant la direction de l’entreprise, malgré de nombreuses sollicitations en ce sens de la clientèle, il n’est pas prévu de reprendre les routes vers les Caraïbes tant que les conditions économiques ne se seront pas améliorées. Toujours d’après L-Post, les projets de lancement de deux nouvelles lignes vers l’Asie et les Etats-Unis, annoncés préalablement pour le mois de septembre, ont été suspendus. Sollicitée, la compagnie n’a pas souhaité confirmer ces informations.
Une augmentation de capital
Sur le plan financier, le capital de la société était de 50 millions d’euros au 31 décembre dernier, contre 31 millions un an plus tôt, grâce à une augmentation de capital de 19 millions du groupe chinois Hongyuan en février 2022. Cet opérateur asiatique détient depuis lors 49% du capital de la compagnie. Les capitaux propres s’élevaient, eux, à -41 millions fin décembre, pour un montant négatif de 15,7 millions au 31 décembre 2021. A la fin de l’année passée, certains actionnaires avaient toutefois accordé des prêts à l’entreprise pour un montant de 7 millions d’euros.
Face à cette situation, Air Belgium a entamé des discussions avec certains nouveaux investisseurs en vue de procéder à une nouvelle augmentation de capital, et ce en vue de renforcer ses fonds propres, glisse-t-elle encore dans les commentaires de son bilan financier déposé à la BNB. Ces discussions ont conduit à la réception d’une offre liante par un investisseur potentiel en date du 30 juin dernier, qui a été examinée et accueillie favorablement par le conseil d’administration. Elle vise à injecter un maximum de 14,4 millions d’euros et une prise de participation de 49% du capital. Des conditions ont toutefois été posées, dont la définition d’une stratégie commune et l’approbation de l’opération par les autorités compétentes.
Air Belgium table sur un retour à la rentabilité d’ici le troisième trimestre 2023.