Agriculture wallonne : des chiffres interpellants

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La moitié des exploitations agricoles ne sont pas rentables et 77% des producteurs ont des craintes quant à l’avenir du secteur. L’Observatoire sur le monde agricole de CBC, publié ce mardi, affiche quelques chiffres interpellants sur l’agriculture wallonne.

Comme l’avaient déjà montré les nombreuses manifestations de ces derniers mois, le secteur agricole va mal. CBC Banque se penche sur le ressenti des agriculteurs face à leur activité, et les derniers chiffres de son Observatoire, publiés ce mardi, sont interpellants.

Voici quelques éléments essentiels :

  • 50% des agriculteurs pensent que leur exploitation n’est pas rentable, ou du moins, ne l’est pas encore (14% des répondants disent qu’elle est en bonne voie de l’être).
  • 77% parmi eux ont des craintes quant à l’avenir de l’agriculture, en Wallonie. 
  • 37% des agriculteurs wallons veulent céder leur exploitation. 

Pourquoi cette non rentabilité ? 

Les agriculteurs estiment que les prix de vente de leurs produits sont trop bas, et qu’ils n’arrivent ainsi pas à leur compte. La solution existerait cependant : consommer plus localement et importer moins de produits améliorerait déjà la situation, estiment six agriculteurs sur dix. Pour huit acteurs sur dix, la solution est aussi à trouver du côté de la grande distribution, qui doit mieux rémunérer les producteurs. Et/ou mieux mettre en avant et davantage commercialiser les produits locaux (environ 60%).  Dans tous les cas, la rentabilité est la préoccupation numéro un du monde agricole.

Mais ce qui n’empêche pas les producteurs d’être motivés, loin de là. Les principales motivations sont d’ailleurs le fait de vivre de sa passion (31%) et de perpétuer la tradition familiale (22%).

Un renouvellement difficile

Autre difficulté éprouvée dans le secteur : le fait de se lancer. Si près de quatre agriculteurs sur dix veulent céder leur activité, il n’y a qu’un acteur sur dix qui songe à reprendre une exploitation. “Les principaux obstacles à la reprise sont le manque de rentabilité, le manque de moyens financiers mais aussi le manque de sécurité liée aux terres agricoles”, peut-on lire. 

Près de sept agriculteurs sur dix estiment ainsi qu’il faut des avantages fiscaux lors de la cession à un jeune agriculteur. Pour les repreneurs, les principales aides demandées sont un organisme public qui les aiderait à accéder au foncier et un accompagnement administratif et juridique, pendant les premières années et durant la reprise même.

Ils savent que la reprise d’une exploitation n’est pas une chose aisée (même si c’est un “beau projet” pour la moitié des répondants), et ils pensent qu’il est préférable d’avoir évolué dans le milieu pour ce faire (22% des répondants). Deux tiers des répondants pensent d’ailleurs céder leur exploitation à un membre de leur famille, au moment venu.  

“Ce résultat est cohérent avec la réalité du secteur car les investissements sont très conséquents et le métier est devenu très pointu. Les freins sont dès lors encore plus nombreux pour quelqu’un qui n’est pas issu du milieu”, peut-on lire. 

Le grand combat : la simplification administrative

Autre chiffre : sept agriculteurs sur dix estiment que la simplification administrative ne va pas assez loin en Wallonie et que les avancées en la matière sont insuffisantes. “Ce chiffre atteint même les 80% parmi les exploitations de 65 hectares ou plus et 90% auprès des 35-44 ans”, détaille le rapport. Et la Politique agricole commune (PAC) européenne, qui prévoit tout un volet sur le simplification administrative, est insuffisante pour plus de 60% des agriculteurs wallons. 

La lutte pour la simplification adminsitrative est ainsi le défi le plus important pour les agriculteurs. 37% parmi eux le revendiquent comme combat principal, soit plus qu’un meilleur salaire (36%) ou de freiner la volatilité des prix (30%). 

Les contraintes administratives et environnementales comptent d’ailleurs comme la deuxième préoccupation la plus importante du secteur, derrière la rentabilité. Le temps que prend l’administration et les différentes normes imposées sont d’ailleurs aussi d’importants obstacles à la rentabilité.

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