A l’ère du covid, on se sert des coudes… pour ouvrir les portes
Révolutionner un objet du quotidien aussi banal qu’une poignée de porte, c’est le pari un peu fou mais très malin de cette start-up belge lancée en 2020, sur fond de crise du covid.
“Un jour où l’autre, nous avons tous déjà tenté d’ouvrir une porte avec le coude“, pointe Thierry Charbit, homme d’affaires et co-inventeur de la coudée de porte avec son ami Fabrice Sautereau. C’est au début de 2020, peu avant le confinement, que ce dernier a imaginé ce système d’ouverture bien plus hygiénique qu’une poignée classique. Une idée qui a immédiatement séduit Thierry Charbit et que la crise sanitaire a par la suite permis de matérialiser.
En analysant le marché de la poignée de porte, les deux inventeurs ont rapidement réalisé que la coudée n’existait tout simplement pas. Ils ont donc déposé un brevet dans la foulée. “Avec la crise, ce sont surtout les ajouts sur poignée qui se sont développés, voilà la principale concurrence que nous avons identifiée”, explique l’entrepreneur, en soulignant qu’en termes d’hygiène, avoir un objet facile à nettoyer constitue un élément important. “La coudée n’est pas un objet miracle mais un dispositif qui peut aider. En matière de santé, c’est déjà beaucoup.”
15
Le nombre de mois qui ont été nécessaires pour matérialiser l’idée de la coudée de porte en un produit fini sorti d’usine.
Attente inconsciente
Hôpitaux, maisons de repos, administrations, horeca…, les lieux susceptibles d’être intéressés sont nombreux et diversifiés. “Même un particulier peut l’installer chez lui puisque la coudée est disponible sur Amazon depuis juillet pour 25 euros.”
Malgré une apparente simplicité, l’objet n’a pas été facile à réaliser. “Il nous a fallu 15 mois pour arriver sur le marché, résume le duo. La forme même de la coudée a généré de multiples complexités: résistance, ergonomie, sécurité, etc.” L’élaboration du moule dans lequel est injecté le polyamide qui la constitue, en particulier, a nécessité beaucoup de temps et de moyens financiers. Mais preuve que les deux associés croient en leur idée, ils ont déjà créé une société, IP Racing, entièrement dédiée à leur projet, qu’ils ont financée à hauteur de plus de 50.000 euros, uniquement sur fonds propres. “Nous avons l’impression d’avoir transformé une attente inconsciente en un objet utilisable, expliquent-ils. C’est ce qui nous porte.”
Made in France
Thierry Charbit et Fabrice Sautereau ont par ailleurs fait le choix de produire en Europe, près de Lille. Une décision qu’ils n’ont jamais eu à regretter. Non seulement la proximité avec la Belgique a facilité la phase de développement mais en plus, elle permet aujourd’hui de limiter les stocks: moins de 15 jours sont nécessaires entre la commande et la livraison d’un lot de coudées. Et cerise sur le gâteau, “si on intègre tous les paramètres, fabriquer en France nous aura même coûté moins cher que hors Europe”.
La suite? “Nous sommes actuellement dans une phase qui mélange recherche de visibilité, contacts avec des distributeurs et vente au détail, même si nous n’avons pas les structures pour réaliser ce dernier point à grande échelle, précisent les entrepreneurs. Dans les six mois, nous voulons construire un maillage de réseaux de distribution varié, en magasin comme sur internet, avant d’éventuellement chercher un partenaire capable de donner un relais international à notre projet et faire de la coudée un nouveau geste barrière universel.”
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