Pol Hauspie, le “cerveau” de la fraude L&H

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Cinq ans de prison, dont deux avec sursis, et une amende de 25.000 euros pour chacun : ainsi sont condamnés Jo Lernout et Pol Hauspie, fondateurs de L&H. Mais tous les acteurs du dossier n’ont pas joué un rôle équivalent dans cette fraude à grande échelle.

Les quatre anciens dirigeants de Lernout & Hauspie ont été condamnés à cinq ans de prison, peines assorties de sursis partiels, et à des amendes. La cour d’appel a largement suivi les requêtes du ministère public.

La cour d’appel de Gand ne fait aucune distinction entre les fondateurs de la société, Jo Lernout et Pol Hauspie. Ils sont condamnés à cinq ans, dont deux ans avec sursis, et à une amende de 24.789 euros. Nico Willaert écope de la même peine. Gaston Bastiaens est condamné quant à lui à cinq ans, dont trois ans avec sursis, et à une amende de 4.958 euros.

L&H : Pol Hauspie présenté comme le cerveau de la fraude

La cour d’appel de Gand a sévèrement motivé les peines infligées aux quatre anciens dirigeants de Lernout & Hauspie. Elle considère qu’ils ont chacun joué un rôle-clé et présente Pol Hauspie comme le cerveau du groupe.

Les attendus parlent d’agendas cachés sur base desquels les quatre prévenus établissaient la politique à mener. Ils leur prêtent aussi un rôle-clé dans les LDC’s. Ils étaient conscients des suites néfastes de leurs malversations. Ils ont agi sans le moindre sentiment de culpabilité. Comme dirigeants d’une entreprise cotée en Bourse, ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Ils ont profondément trahi la confiance des investisseurs, poursuit la cour.

La cour d’appel a analysé la répartition des rôles entre les prévenus.

Pol Hauspie est à la base du montage comptable de l’entreprise. Jo Lernout n’a pas pris personnellement les initiatives. Pol Hauspie a utilisé son expérience comptable pour organiser les flux financiers.

Si Jo Lernout n’a pas pris l’initiative dans la mise en place des montages frauduleux, il était cependant tenu activement au courant de la situation par Nico Willaert et Pol Hauspie. Il leur a apporté sa collaboration, relève l’arrêt.

Nico Willaert était quant à lui actif sur le terrain pour produire des chiffres d’affaires fictifs. Il a négocié avec les prêteurs, comme Artesia, réussissant à les berner, et donnant l’impression que les preneurs de licences étaient des partenaires stratégiques.

Gaston Bastiaens est pour sa part reconnu coupable d’avoir trompé les instances boursières et les réviseurs d’entreprise en leur fournissant des informations tendancieuses et inexactes. C’est lui qui a mis en place en Corée des montages faisant exploser le chiffre d’affaires.

Carl Dammekens (CFO) a participé à la fraude des comptes annuels mais son intervention est restée limitée, selon la cour. Il a tenté de tenir une comptabilité réaliste mais n’a pas eu la force de résister aux pratiques frauduleuses qui lui étaient soumises. Il se sentait obligé d’exécuter les ordres du management de l’entreprise.

Le conseiller Thomas Denys était, selon la cour, bien au courant de la fraude dans les contrats des LDC’s. Il a participé de manière significative à l’établissement d’un chiffre d’affaires fictif.

Tony Snauwaert a fourni de fausses informations, des contrats de licence antidatés et a mené l’exécution du plan de sauvetage financier des LDC’s en Corée.

William Van Aerde (KMPG) a été mystifié. Il n’a pas eu un comportement suffisamment professionnel, faisant parfois preuve de négligence, note encore la cour d’appel.

L&H : réactions mitigées des dirigeants condamnés

Les dirigeants condamnés dans le cadre du procès Lernout & Hauspie ont eu des réactions mitigées concernant l’arrêt rendu lundi.

Jo Lernout s’est montré déçu, tout en clamant son innocence : “J’ai pris une gifle. Cela nous apprendra à devenir entrepreneurs en Belgique. Je n’ai pas fraudé intentionnellement.” Son avocat, Luc Gheyssens, a pour sa part indiqué que le combat se poursuivait : “Nous allons nous consulter, la décision appartient au client. Nous pouvons introduire un pourvoi en cassation dans les 15 jours, mais il me faudra des mois pour lire les 2.100 pages de l’arrêt.”

Frank Marneffe, l’avocat de Nico Willaert, était en revanche relativement satisfait de l’arrêt et ne pense pas se pourvoir en cassation : “Ce qui est important, c’est que l’arrêt précise que la société n’a pas été fondée avec l’intention de frauder.”

Pol Hauspie a, quant à lui, évité tout contact avec les médias, empruntant une sortie de secours pour quitter le palais de justice.

Gaston Bastiaens a pour sa part refusé tout commentaire.

Trends.be, avec Belga

L&H : la cotation de l’action Dexia reprend, en hausse de 3 %

La cotation de l’action Dexia, suspendue lundi à la Bourse de Bruxelles en attendant le jugement de la cour d’appel de Gand dans le cadre de l’affaire Lernout & Hauspie, a repris mardi avec un gain de 3 %. Peu après 9 h, l’action Dexia était cotée à 3,33 euros, soit 3 % de plus qu’à la clôture vendredi.

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