Ce qu’il faut savoir sur le départ du patron de BNP Paribas

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Michel Pébereau, président emblématique de BNP Paribas, quitte le groupe le 1er décembre. Il sera remplacé par l’actuel directeur général, Baudouin Prot. Eclairage.

C’est officiel. Michel Pébereau a annoncé mercredi devant les actionnaires réunis en assemblée générale son remplacement le 1er décembre à la présidence de BNP Paribas par l’actuel directeur général, Baudouin Prot. Agé de 69 ans, le dirigeant emblématique de la première banque de la zone euro est atteint par la limite d’âge fixée par les statuts du groupe.

Un haut fonctionnaire passé dans le privé

Issu d’un milieu relativement modeste, pur produit de l’école républicaine, polytechnicien et ancien élève de l’ENA, Pébereau fut inspecteur des Finances et membre des cabinets de Valéry Giscard d’Estaing aux Finances puis de René Monory, notamment à la direction du Trésor. Il passe ensuite dans le privé et devient directeur du Crédit Commercial de France (CCF) en 1982 dont il mène à bien la privatisation. En 1993 il est choisi par René Thomas pour lui succéder à la tête de la Banque Nationale de Paris (BNP).

20 ans à la tête de la BNP

Dès son arrivée Pébereau mène la privatisation de la banque. Son principal fait s’arme reste la prise de Paribas en 1999 au nez et à la barbe de la Société Générale, au terme d’une bataille boursière restée dans les annales. En 2006, c’est l’italienne BNL qui est acquise. Il aura ainsi transformé en l’espace de vingt ans une banque moyenne en mastodonte de la finance mondiale. Sa carrière est cependant teintée de quelques déceptions, à commencer par l’échec du raid boursier sur la Société Générale, mais aussi l’OPA ratée sur Indosuez et la bataille perdue face au Crédit Agricole pour prendre le Crédit Lyonnais.

Des bénéfices record

Aujourd’hui la BNP se porte à merveille. La banque, qui a su équilibrer ses activités de détail et de marchés, est même sortie gagnante de la crise financière : moins exposée que les autres aux subprimes, elle a en plus profité de l’aide de 5,1 milliards d’euros de l’Etat pour racheter sans encombres la banque belge Fortis. Dès 2009 la BNP affiche les meilleurs résultats des banques françaises et rembourse le prêt public. En 2010 elle retrouve les niveaux de rentabilité records d’avant crise avec un profit de 7,8 milliards d’euros. Fort d’un bénéfice net de 2,61 milliards d’euros sur les trois mois de l’année 2011, elle se hisse désormais au premier rang des banques de la zone euro.

L’homme de l’ombre de Bercy

Le président de BNP a aussi d’autres casquettes : professeur d’économie politique à Sciences-Po, chroniqueur de science-fiction au JDD mais aussi lobbyiste de la finance. Ce conseiller informel de Nicolas Sarkozy a notamment été très écouté au moment de l’élaboration du plan de sauvetage des banques. Mais les bons rapports de cet ancien haut fonctionnaire avec le gouvernement ne sont pas récents. Ses services avaient par exemple été sollicités en 2005 pour un rapport sur le problème de la dette publique.

La succession

Il sera remplacé à la présidence par l’actuel directeur général, Baudouin Prot. Enarque et inspecteur des Finances comme Michel Pébereau, il forme avec lui depuis huit ans un tandem sans faille L’actuel directeur général délégué, Jean-Laurent Bonnafé, prendra la direction générale, selon des informations de presse.

Les défis à venir

La nouvelle direction devra faire face à un certain nombre de menaces. Dès 2013, les banques françaises devront respecter la nouvelle réglementation prudentielle dite Bâle III. Si pour l’instant, elles estiment qu’elles n’auront pas à procéder à des augmentations de capital pour renforcer leurs fonds propres, elles pourraient manquer de capitaux pour développer leurs activités.

Mais le risque le plus immédiat vient de la crise de la dette. Le groupe est exposé à hauteur de 6,7 milliards d’euros aux trois pays les plus fragiles de la zone euro, à savoir la Grèce, l’Irlande et le Portugal. M. Prot a toutefois assuré que face à une hypothétique restructuration, “l’impact serait significatif mais limité”.

L’Expansion.com

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