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Et la croissance ? Bon sang !

Le discours européen s’infléchit enfin. Il n’était question, jusqu’il y a peu, que d’assainissement budgétaire et d’austérité.

Le discours européen s’infléchit enfin. Il n’était question, jusqu’il y a peu, que d’assainissement budgétaire et d’austérité. Cette dernière agace toutefois la population au point de provoquer des tensions politiques, qui vont des manifestations en Espagne à la chute du gouvernement néerlandais. Par ailleurs, le manque de tonus économique du Vieux Continent devient de plus en plus préoccupant. C’est que la rechute en récession, dont on agitait le spectre voilà deux ans et que l’on croyait évacuée, a finalement frappé plusieurs pays dès le second semestre de l’an dernier. Et pas seulement la Grèce et le Portugal, ces grands malades, ou encore l’Irlande, mais aussi la Belgique et les Pays-Bas. Avec une croissance négative aux troisième et quatrième trimestres, la situation de ces pays correspond en effet à la définition classique de la récession.

L’Espagne, dont la notation vient de perdre deux crans sur l’échelle de l’agence Standard & Poor’s, s’est depuis ajoutée à la liste en étant dans le rouge au quatrième trimestre de l’an dernier et au premier de cette année. Le Danemark a avoué une situation identique…comme un an plus tôt déjà. La mauvaise surprise de la semaine dernière, c’est que la Grande-Bretagne est également du lot. Les économistes y espéraient en moyenne +0,1 % de croissance durant les trois premiers mois de cette année. Verdict officiel : -0,2 %. Le chiffre du quatrième trimestre 2011 a pour sa part été revu à -0,3 %, contre une première estimation de -0,2 % et une prévision initiale de -0,1 %. Ces données britanniques sont assez exemplaires de l’Europe du Nord : ce n’est pas une catastrophe, mais on se situe systématiquement en dessous des attentes. Et souvent dans le rouge, fût-il léger.

Dans ces conditions, il n’est guère étonnant d’observer tant de responsables politiques et économiques monter au créneau en faveur de la croissance. Y compris Mario Draghi, le gouverneur de la Banque centrale européenne, dont le discours devant le parlement européen constitue l’autre surprise de la dernière semaine d’avril. Non pas que ses propositions soient spectaculaires, il s’en faut de beaucoup. Il prône simplement, tout comme la chancelière allemande Angela Merkel, la mise en place de réformes structurelles favorisant la création d’entreprises et d’emplois, sans alourdir le budget des Etats. Ce qui, on l’avouera, ne veut pas dire grand-chose en soi. Si les propos de super-Mario ont eu tellement de retentissement, c’est qu’ils marquent un virage inédit dans le chef d’un président de la BCE, surtout quand il les appuie en soulignant que les mesures d’austérité ont causé plus de dommages que prévu. Dans la bouche d’une personnalité d’un tel niveau, un pareil aveu ne peut passer inaperçu !

Cette panne de l’Europe n’empêche pas divers investisseurs internationaux d’exprimer leur confiance en l’avenir du continent. Notamment Marc Mobius, le légendaire spécialiste des marchés émergents, ou encore le groupe américain de private equity J.C. Flowers. Sur la lancée de quelques achats récents, dont celui de l’assureur belge Fidea (à KBC), il vient d’annoncer le lancement d’un fonds spécifiquement dédié à ce côté-ci de l’Atlantique. Il est vrai que si l’Europe reconnaît son état et la nécessité d’infléchir sa politique, elle fait déjà un pas dans la bonne direction. Surtout si ces beaux discours se complètent par la mobilisation de 200 milliards d’euros par le biais de la Banque européenne d’investissement, comme on le murmure aujourd’hui.

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