“Virgin Rail pourrait aller jusqu’à Bruxelles”

La Commission européenne estime les péages du tunnel sous la Manche trop chers. Le patron d’Eurotunnel renvoie la balle aux Etats, la France et la Grande-Bretagne, qui freineraient la concurrence. Plus d’opérateurs réduirait le prix des tickets, estime-t-il.

Trop cher, le tunnel sous la Manche ? C’est l’avis de la Commission européenne, qui estime que la France et la Grande- Bretagne n’ont pas bien mis en oeuvre les directives libéralisant le rail pour cette infrastructure. Le tarif fret et celui pour les trains de passagers (environ 25 euros par personne pour l’Eurostar) lui paraissent injustifiés. Eurotunnel, concessionnaire privé, conteste l’accusation qui le vise indirectement. Si les tickets sont chers, c’est, estime Jacques Gounon, parce que la concurrence est bridée par les Etats, au bénéfice de la SNCF et de sa filiale Eurostar, avec qui le patron du tunnel est engagé dans un bras de fer. Voilà une péripétie de plus pour le tunnel. En effet, il avait coûté bien plus cher que prévu (13,4 milliards d’euros), mais n’a pas eu la fréquentation escomptée. En 2007, le PDG actuel avait mené une forte restructuration financière pour éviter la faillite et amener les premiers bénéfices. TRENDS-TENDANCES. Les griefs de la Commission européenne sur les péages pourraient-ils modifier l’équation économique d’Eurotunnel ? JACQUES GOUNON. Je ne le crois pas. Nous sommes protégés par des textes bien rédigés, très solides. La directive prévoit que les Etats doivent couvrir le déficit des infrastructures ferroviaires. Ce sont donc les Etats (Ndlr, la France et le Royaume-Uni) qui devraient assurer la rentabilité d’Eurotunnel, dans l’hypothèse où la lecture du commissaire aux Transports Siim Kallas serait appliquée. Il souhaite passer d’un péage basé sur les coûts à long terme à un péage basé sur le coût marginal, l’usure des rails en somme. C’est la demande d’Eurostar. Cette charge de Bruxelles vous a surpris ? Il s’agit d’un virage de la Commission sur la manière dont Eurotunnel perçoit ses péages depuis 19 ans. En demandant aux Etats de changer l’interprétation des directives, elle a déstabilisé l’entreprise et les investisseurs à long terme. Les choses se sont calmées, les investisseurs ont compris que les textes nous protégeaient, le cours de l’action est revenu à sa situation de janvier.

Interview complète dans le magazine Trends/Tendances du 18 juillet 2013

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