“On agite le spectre d’une pénurie de vin mais c’est impossible”

© REUTERS

Dans une étude publiée mercredi, la banque Morgan Stanley s’inquiète d’une possible pénurie mondiale de vin. Pour le journaliste français spécialiste du marché du vin Benjamin Simmat, cette hypothèse est tout simplement inenvisageable.

Risque-t-on vraiment une pénurie mondiale de vin, comme l’étude de la banque Morgan Stanley semble s’en inquiéter ?

Il est d’abord amusant de voir que des banquiers s’intéressent au vin, même si effectivement, c’est devenu une matière première de luxe, comparable au pétrole. On agite le spectre d’une pénurie mondiale de vin, mais les réserves sont telles que c’est impossible. Aujourd’hui, une centaine de pays dans le monde produit du vin. Même si la demande se renforçait, avec l’équivalent de 37 milliards de bouteilles en 2013, on serait loin d’une pénurie. La preuve, des capacités de production se créent partout. Les Chinois, grands amateurs de vin, sont les 5es producteurs mondiaux. Je ne serais pas étonné qu’il se classent dans cinq ans à venir à la 2e ou 3e position. Quant aux Américains, premiers consommateurs en volume et en valeur, ils se sont aussi donné les moyens de produire dans tous les États. Seul l’Alaska ne produit pas de vin.

Une pénurie de vin français ou européen est-elle envisageable ? Non, pas plus qu’une pénurie mondiale. Malgré la baisse des capacités de production avec la politique d’arrachage dans les années 2000 pour replanter de meilleures vignes et les aléas météo de cette année, la France continuera à produire six ou sept milliards de bouteilles par an. N’oublions pas que l’Europe compte trois énormes locomotives historiques: la France, l’Italie et l’Espagne, ce pays comptant la plus grande surface viticole au monde.

Comment voyez-vous l’avenir de la production française ?

Nous allons continuer dans la même voie: transformer le vignoble de masse en productions plus qualitatives. Nous avons l’expérience et de grandes capacités techniques. Tout ce qui aura la marque “France” incarnera encore plus l’excellence, la qualité et pas seulement en Bourgogne et dans le Bordelais.

Cécile Casciano

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