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Supprimer l’aide américaine à l’Egypte ?

Pourquoi ne pas supprimer l’aide américaine à l’Egypte ? Et en particulier, l’aide militaire qui s’élève à 1,3 milliard de dollars par an ? C’est une proposition que l’on entend souvent dans les médias. A priori, cela pourrait être un bon moyen de pression pour arrêter la violence et remettre les différents partis autour de la table de négociation.

En réalité, si Barak Obama ne l’a pas fait, c’est pour des raisons géopolitiques, mais aussi économiques. D’abord, il y a le lobby pro-armement qui est puissant à Washington a qui a besoin que ses usines tournent. Il y a aussi les contrats signés avec Le Caire. Rompre ces contrats, y compris ceux de la maintenance, pourrait engendrer une pénalité allant jusqu’à… 2 milliards de dollars. Et puis, ensuite, si l’aide américaine de 1,3 milliard de dollars est annuelle, les contrats, eux, se font sur du long terme et en 2013, on négocie déjà les contrats de 2018.

Pourquoi une telle différence ? Tout simplement, parce qu’entre la signature d’un contrat et la fabrication des armes en question, il se passe des mois, voire des années avant la livraison. Annuler aujourd’hui sans savoir ce qui va se passer demain est très risqué pour les Américains. Autrement dit, comme l’a indiqué un expert américain, arrêter une aide militaire, ce n’est pas comme ouvrir ou fermer un robinet, c’est beaucoup plus compliqué.

En revanche, ce que peuvent faire les Etats-Unis, c’est bloquer les contrats de maintenance qui représentent tout de même 15% du coût total de l’aide américaine. Je rappelle que si les Egyptiens reçoivent chaque année 1,3 milliard de dollars sous la forme d’une aide militaire, et ce, pour les récompenser d’avoir signé les accords de paix avec Israël en 1979 et, ensuite pour faire en sorte que l’Egypte cesse de se fournir chez le rival soviétique. Résultat ? L’Egypte a mis l’essentiel de cet argent dans l’achat d’équipement, du genre hélicoptères d’attaque Appache ou avions de chasse F16, mais en délaissant fortement la formation de ses pilotes. L’armée égyptienne est ainsi l’armée au monde à avoir le plus de crashs d’avions de combat F16 – ce qui prouve aussi à quel point cette armée est sclérosée dans ses choix stratégiques. C’est aussi une armée qui sait qu’elle n’a pas de belligérant extérieur, et que donc, elle peut tenir encore des mois avant que la pression américaine ne soit efficace, y compris sur ses contrats de maintenance. Le dialogue de sourds risque donc de continuer.

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