Les ratés d’Amnesty

L’ONG a voulu frapper fort en utilisant, à leur insu, l’image de trois personnalités pour dénoncer la torture. Signée par l’agence Air, la campagne est aujourd’hui retirée et révèle toute sa maladresse.

Air n’y a pas été de main morte pour Amnesty International. Afin de sensibiliser les Belges à l’ignominie de la torture sur des prisonniers politiques dans le monde, l’agence de pub bruxelloise a déployé trois affiches avec des visages connus et tuméfiés. Le but de la manoeuvre ? Faire dire à trois personnalités (Iggy Pop, le dalaï-lama et Karl Lagerfled) des énormités, histoire de justifier le slogan “Torturez un homme et il vous racontera n’importe quoi”.

Si les photos sont fortes, elles posent néanmoins question sur l’utilisation de l’image publique de quelques célébrités à leur insu et à des fins publicitaires. Hier, Amnesty a d’ailleurs fait marche arrière : l’ONG a retiré sa campagne controversée et présenté ses excuses aux trois personnalités concernées.

Au-delà de ce couac malencontreux, c’est surtout la pertinence du message qui est aussi suspectée. Est-ce vraiment la meilleure façon de s’insurger contre la torture ? Et puis, les créatifs de l’agence Air savent-ils au moins que le dalaï-lama, qui affirme ici “Un homme qui n’a pas de Rolex à 50 ans a raté sa vie” (clin d’oeil à Jacques Séguéla), possède vraiment une Rolex ? C’est l’ancien président américain Franklin Roosevelt qui a lui avait jadis envoyée en guise de cadeau diplomatique. Le dalaï-lama avait alors sept ans.

Cela a fait beaucoup de ratés pour une campagne qui n’arrive visiblement pas à cerner le vrai drame…

Frédéric Brébant

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