Trump attaque ses partenaires et plante le décor d’un G20 tourmenté

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Voilà qui s’appelle planter le décor: en route pour le G20, Donald Trump s’en est pris aux grands interlocuteurs qu’il va retrouver au Japon pour un sommet tourmenté, sur fond de conflits commerciaux et tensions diplomatiques.

Le président américain, gonflé à bloc depuis qu’il est officiellement en campagne pour sa réélection, a vertement critiqué, en l’espace de deux jours, le Japon, l’Allemagne, l’Inde, sans oublier la Chine. Autant de pays dont il retrouve les dirigeants vendredi et samedi à Osaka, ville de près de 3 millions d’habitants, deuxième poumon économique du Japon.

Alors que Pékin et Washington bataillent désormais ouvertement pour la domination économique et technologique du monde, la rencontre bilatérale prévue samedi entre Donald Trump et Xi Jinping, déjà arrivé à Osaka, fait figure de sommet dans le sommet.

Les Etats-Unis menacent d’imposer des droits de douane punitifs sur toutes leurs importations de Chine, de quoi faire dérailler une croissance mondiale déjà ralentie, et affoler des marchés financiers déjà fébriles. “L’économie de la Chine s’effondre, ils veulent un accord”, a asséné Donald Trump, dans un entretien mercredi avec la chaîne Fox Business News.

L’agence officielle chinoise a elle critiqué jeudi un “certain pays du G20” qui cherche à “faire plier ses partenaires commerciaux face à des exigences déraisonnables.” La majorité des experts tablent pourtant sur une trêve à Osaka dans le long conflit commercial des deux géants économiques.

– “Mini-accord” –

David Dollar, du centre de réflexion Brookings Institution, croit possible un “mini-accord”, avec des taxes suspendues côté américain, et des achats accrus de matières premières agricoles américaines côté chinois. Mais la reprise des discussions “pourrait finir en déception parce que les deux parties semblent bien éloignées l’une de l’autre”, avertit-il néanmoins.

Donald Trump veut à toute force réduire le colossal déficit commercial américain envers la Chine. Cette dernière n’entend guère brider ses ambitions, notamment technologiques.

Le président américain a aussi attaqué presque méthodiquement ces dernières heures les alliés traditionnels des Etats-Unis. Il a ainsi tourné en dérision la dépendance du Japon à l’égard de la protection militaire américaine. Donald Trump a assuré que Washington n’hésiterait pas à partir en guerre pour son allié, mais ajouté que si les Etats-Unis étaient attaqués, les Japonais se contenteraient de “regarder sur leur téléviseur Sony.”

Donald Trump a aussi qualifié mercredi l’Allemagne de “partenaire défaillant” profitant à bon compte de la puissance militaire américaine, l’un de ses thèmes de prédilection. La chancelière Angela Merkel, au programme des tête-à-tête du président américain vendredi, appréciera.

Le Premier ministre indien Narendra Modi saura aussi à quoi s’en tenir pour sa rencontre bilatérale le même jour avec le président américain. Depuis son avion Air Force One, Donald Trump s’en est pris jeudi aux taxes douanières “inacceptables” imposées par l’Inde, que les Etats-Unis veulent contraindre à ouvrir davantage son marché.

– Iran et climat –

Pas de tweet ou de commentaire rageur jusqu’ici contre Vladimir Poutine, avec qui Donald Trump doit également s’entretenir à Osaka. Washington et Moscou sont des protagonistes de premier plan dans les tensions autour de l’Iran. Donald Trump multiplie les avertissements contre Téhéran et évoque désormais une guerre qui “ne durerait pas longtemps” contre l’Iran. La Russie cherche jusqu’ici, comme la Chine et les Européens, à calmer le jeu.

Dans ce climat chauffé à blanc, le Japon, pays hôte, s’efforce de rassembler toutes les signatures sous le communiqué final du sommet.

Une tâche qui s’annonce “difficile”, en particulier sur la question du climat, a reconnu le président du Conseil européen Donald Tusk lors d’un entretien avec le Premier ministre Shinzo Abe, selon une source gouvernementale japonaise.

Rédiger un communiqué final du G20 est traditionnellement un casse-tête pour les diplomates, qui négocient chaque virgule. Mais la mission semble devenue impossible avec une administration Trump qui raye à tout va les formulations auparavant consensuelles, en faveur du libre-échange ou de l’accord de Paris sur le Climat.

“Si, pour se mettre d’accord dans une salle à 20, on n’est pas capable de défendre l’ambition climatique, ce sera sans la France. C’est simple!”, a déjà averti le président français Emmanuel Macron.

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