Sommet européen : dans un parfum d’échec, l’Europe avancera sans le Royaume-Uni

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Une victoire en demi-teinte. Le nouvel accord pour renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro ne sera adopté que par les 17 membres de la zone euro et des pays volontaires en raison du refus de la Grande-Bretagne

Confrontés au risque d’implosion de l’euro, les dirigeants européens cherchaient à rassurer les marchés et ramener ainsi leurs conditions d’emprunt à des niveaux soutenables. Emmenés par l’Allemagne, ils ont opté pour la voie d’un renforcement considérable de la discipline budgétaire, passant notamment par l’interdiction des déficits structurels supérieurs à 0,5% du PIB.

La Belgique, représentée par son nouveau Premier ministre, Elio Di Rupo, a accepté cette nouvelle rigueur. “Dans la mesure où nous assumons nos responsabilités, les nouvelles règles sont celles que nous nous appliquons à nous-mêmes”, souligne-t-on dans le camp belge. Le gouvernement a en effet prévu de revenir à l’équilibre budgétaire en 2015. La Belgique se félicite par ailleurs d’avoir évité la création de nouvelles sanctions visant plus précisément certaines politiques socio-économiques.

Mais plus que sur les objectifs, les débats des 27 ont porté sur la manière d’y parvenir. La révision des traités a provoqué d’intenses tensions avec le Royaume-Uni. Londres a refusé la conclusion d’un nouveau traité à 27, mais aussi le lancement formel d’une coopération renforcée. David Cameron parle d'”une décision difficile mais bonne”, car les intérêts du Royaume-Uni n’étaient pas préservés.

A défaut, les Européens ont opté pour une solution alambiquée, consistant à conclure entre les 17 pays de la zone euro, et avec six autres pays, un traité ad hoc. Hors du cadre communautaire, celui-ci pourra néanmoins s’appuyer sur les institutions de l’Union.

Les dirigeants ont aussi évoqué les instruments de secours, dont la crédibilité est jugée essentielle pour rassurer les marchés. Si un financement monétaire des dettes par la Banque centrale n’est toujours pas à l’ordre du jour, ils ont prévu que la BCE jouerait un rôle accru de gestion en faveur de la Facilité européenne de stabilité financière (FESF).

Renflouement de 200 milliards d’euros pour le FMI Ils ont également décidé d’un renflouement du Fonds monétaire international (FMI) à hauteur de 200 milliards d’euros et sur une base bilatérale afin de permettre au Fonds de soutenir en retour d’éventuels pays européens dans le besoin. La directrice générale du FMI Christine Lagarde a expliqué que la confirmation de ces 200 milliards d’euros devait “intervenir sous une dizaine de jours”. Elle a salué “un paquet qui va clairement dans la bonne direction”, évoquant aussi la discipline budgétaire accrue et l’accélération de la mise en place du futur fonds de secours permanent de la zone euro.

Merkel : un “bon résultat” qui va redonner sa “crédibilité” à l’euro

La chancelière allemande Angela Merkel a estimé vendredi que le sommet européen sur la crise de l’euro avait abouti à un “bon résultat” qui doit permettre à l’euro de regagner sa “crédibilité”. En ce qui concerne le FMI, la chancelière allemande Angela Merkel a expliqué que ce dernier serait renfloué par des “prêts bilatéraux” des Etats européens. Selon elle, il s’agit d'”apporter une sécurité supplémentaire pour l’euro avec l’aide d’autres pays non membres de l’Union monétaire”. L’idée est de doter l’institution financière internationale des fonds suffisants pour venir en aide, si besoin, à des grandes économies comme l’Italie ou l’Espagne.

Un très bon résultat pour la BCE

Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a qualifié vendredi de “résultat très bon pour la zone euro” les décisions prises lors du sommet de Bruxelles sur la crise de la dette. “C’est un résultat très bon pour la zone euro”, a-t-il déclaré à l’issue de la première journée de la réunion. “C’est la base pour un pacte budgétaire avec plus de discipline dans les politiques économiques des Etats membres”, a-t-il dit.

Baptême du feu européen pour Elio Di Rupo

Pour son baptême du feu européen, Elio Di Rupo aura été confronté à une négociation ardue et complexe avec ses collègues des 27. Au sortir des tractations, vers 5H30 vendredi matin, il était néanmoins souriant. “Quand je négocie, il me faut quelques nuits, sans quoi je ne suis pas heureux”, a-t-il plaisanté avec les quelques journalistes encore présents sur place.

Plusieurs conférences de presse, notamment du Premier ministre belge Elio Di Rupo, ont été convoquées.

LeVif.be avec Belga

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