Scandale Dieselgate: Merkel dit avoir été informée par les médias

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La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé mercredi devant une commission d’enquête parlementaire avoir été informée par les médias que Volkswagen avait truqué ses moteurs, lors de la révélation de cet immense scandale en septembre 2015.

La cheffe du gouvernement, entendue pendant deux heures environ comme témoin dans l’une des plus grosses affaires de l’après-guerre impliquant un fleuron de l’industrie allemande, a déclaré en avoir pris connaissance “le 19 septembre 2015 dans les médias”.

Elle a ajouté avoir également été mise au courant par son ministre des Transports, Alexander Dobrindt, à qui elle a apporté son soutien pour mettre en place une commission d’enquête dans son ministère.

“Je l’ai encouragé à tout faire pour faire la lumière sur ces faits dans la mesure où ils n’étaient pas déjà connus”, a-t-elle souligné, indiquant avoir également eu une conversation téléphonique avec le patron d’alors de VW, Martin Winterkorn, “le 22 septembre”.

Cette affaire s’avère “très regrettable pour l’image de l’industrie automobile allemande”, lui a-elle notamment dit.

La commission d’enquête parlementaire sur les émissions polluantes entend faire la lumière sur ce que savait éventuellement le gouvernement de ce “dieselgate” avant qu’il ne soit mis au jour.

Le géant aux 12 marques (Audi, Porsche, Skoda, etc…) a truqué les moteurs diesel de 11 millions de ses véhicules dans le monde pour les faire passer pour moins polluants. L’affaire, révélée en septembre 2015 aux Etats-Unis, a coûté très cher financièrement et en termes d’image à cette entreprise symbole de la puissance économique allemande.

Lors de la révélation de cette gigantesque tricherie, Mme Merkel avait cherché à temporiser, appelant à ne “pas diaboliser” l’ensemble du secteur automobile.

Mercredi, l’ancienne ministre de l’Environnement (1994-1998) d’Helmut Kohl a rappelé que cette branche était “l’un des plus gros employeurs en Allemagne”.

Par conséquent “il est de mon intérêt de trouver là où des centaines de milliers d’emplois sont en jeu des règles (environnementales) qui ne conduisent pas à ce que plus aucune automobile ne soit produite en Allemagne”, a-t-elle jugé.

Explications

Créée à l’initiative de l’opposition (Verts et gauche radicale die Linke) mais composée aussi de députés de la coalition au pouvoir entre conservateurs (CDU-CSU) et sociaux-démocrates (SPD), la commission a pour mission d’examiner les agissements depuis 2007 du gouvernement allemand, dirigé par Mme Merkel, face aux dépassements par les constructeurs automobiles du seuil autorisé d’émissions polluantes.

Les députés ont déjà entendu en décembre l’ancien ministre de l’Économie passé aux Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, qui affirme n’avoir rien su avant la révélation publique du scandale.

Pour la chancelière, il s’agit de sa deuxième audition devant une commission d’enquête parlementaire en quelques semaines. A la mi-février elle avait été entendue dans le cadre d’une toute autre affaire, celle de la coopération entre les services de renseignement allemand et américain.

La ligne de défense de Volkswagen n’a pas varié d’un iota depuis plus d’un an : selon la firme, le directoire n’a été informé que “fin août, début septembre” 2015 de ce gigantesque trucage.

Entendu le 19 janvier par cette même commission, l’ex-patron de Volkswagen Martin Winterkorn avait balayé les accusations de dissimulation, affirmant n’avoir rien su avant que le scandale n’éclate.

L’affaire a valu au géant européen de l’automobile sa première perte annuelle depuis plus de 20 ans et l’a contraint à mettre de côté plus de 18 milliards d’euros pour faire face aux nombreuses poursuites et demandes de dédommagement.

Début janvier, le groupe a plaidé coupable de fraude aux Etats-Unis et accepté de payer près de 22 milliards de dollars au total pour contenter autorités, clients et concessionnaires dans le pays. Les autorités américaines ont annoncé le même mois l’inculpation de plusieurs employés et cadres de l’entreprise, et soupçonnent la direction de Volkswagen d’avoir été mise au courant de la tricherie dès l’été 2015.

En Allemagne, le parquet de Brunswick (nord) a reçu plus de 1.400 plaintes d’actionnaires s’estimant floués par la communication tardive du groupe, réclamant plus de huit milliards d’euros de dommages-intérêts.

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