Période d’essai: “C’est une concertation bidon, les décisions sont déjà prises”

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Les syndicats réagissent négativement au souhait du gouvernement de réintroduire la période d’essai, évoqué dans la presse mardi matin.

Le gouvernement compte demander aux partenaires sociaux de préparer une proposition portant sur la réintroduction de la période d’essai, révélaient mardi L’Echo et De Tijd. Celle-ci avait été supprimée lors de l’introduction du statut unique pour les ouvriers et les employés, ce qui avait été “un compromis délicat” d’après le syndicat libéral ACLVB, pendant flamand de la CGSLB. “Un compromis comporte de bons et moins bons points, tant pour les travailleurs que pour les employeurs. La suppression de la période d’essai était justement un des points qui rendaient le compromis acceptable pour l’ACLVB.”

L’ACLVB se dit “profondément déçu” par la manière d’agir du gouvernement. “En prédisant déjà carrément l’issue d’un éventuel échec d’un compromis, le gouvernement anticipe le dialogue social”, constate-t-il.

“Une négociation où les employeurs murmurent à l’oreille du pouvoir politique n’est pas une négociation”, déplore pour sa part le syndicat chrétien flamand ACV.

Il n’est pas question de dialogue de cette manière, poursuit l’ACV. “Ce sont les employeurs qui tiennent la plume du gouvernement”, dénonce son secrétaire national, Mathieu Verjans. Un avis que rejoint le syndicat libéral.

D’après les organisations patronales, les entreprises préfèrent recourir aux travailleurs intérimaires et sont moins promptes à signer un contrat de travail à durée indéterminée. “Une erreur”, répond-on au sein du syndicat chrétien. “Il n’y a pas une augmentation significative de l’emploi intérimaire qui puisse être liée à la suppression de la période d’essai.” Mathieu Verjans évoque enfin les nombreux millions d’euros que les employeurs ont reçu à titre de compensation pour les coûts supplémentaires liés au statut unique. “A ce propos, on ne les entend évidemment pas…”, se lamente-t-il.

“Les employeurs n’en ont jamais assez”

Du côté de la FGTB, on fulmine. Rudy De Leeuw, son président, qualifie cette façon de faire d'”inacceptable”, selon des propos relayés par L’Echo. “C’est toujours la même chose avec ce gouvernement: on nous implique quand tout a déjà été décidé.”

Le secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet, dénonce également la volonté du gouvernement de réintroduire la période d’essai. “Toutes les mesures prises par le gouvernement vont dans le sens des employeurs” et amoindrissent “la protection des travailleurs”, déplore-t-il.

La position du syndicat socialiste est unanime: il n’est pas question de revenir sur la suppression de la période d’essai. Elle faisait partie de l’accord négocié en 2014 sur l’uniformisation des statuts des employés et des ouvriers. “Les employeurs affirment qu’à cause de cela, ils n’engagent plus à durée indéterminée mais ce sont de fausses excuses”, déclare Marc Goblet. “Les employeurs n’en ont jamais assez”.

Le secrétaire général de la FGTB dénonce l’ensemble des mesures prises par le gouvernement actuel sur l’emploi et le manque de concertation sociale. Pour la réintroduction de la période d’essai, le gouvernement laisserait jusqu’au 30 septembre aux organisations syndicales et patronales pour émettre leur avis. “Nous, on veut pouvoir négocier sur l’ensemble de mesures liées à l’emploi. Il n’existe pas de situations où on ne va pas dans le sens des employeurs”. Pour Marc Goblet, la véritable concertation a disparu. “Là, c’est une concertation bidon. Les décisions sont déjà prises”.

La FGTB mène mardi une série d’actions pour protester contre les mesures prises par le gouvernement dans le cadre du dernier contrôle budgétaire.

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