Mission économique princière: le contexte est délicat en Argentine

Pieter De Crem © BELGA

La mission économique en Argentine et en Uruguay, emmenée par la princesse Astrid, débutera officiellement ce lundi, après une journée d’acclimatation au rythme de Buenos Aires, où la délégation belge est arrivée dimanche matin. Le pays sera pourtant presque à l’arrêt jusque mardi. D’abord en raison d’une grève générale des services publics face au risque d’une cure d’austérité, puis mardi car Lionel Messi et ses compatriotes joueront leur avenir à la coupe du monde de football en Russie.

La première partie de la mission se déroulera dans la capitale argentine, peuplée de plusieurs millions d’habitants, jusque mercredi midi. Les quelque 200 personnes qui composent la délégation prendront ensuite la direction de l’Uruguay pour y faire aussi valoir leurs atouts économiques et culturels.

Plusieurs rencontres officielles entre la princesse et les ministres belges (dont ceux des Affaires étrangères Didier Reynders et de l’Economie et de l’Emploi Kris Peeters) et certains de leurs homologues argentins sont au programme ce lundi. Ils rencontreront ainsi notamment la vice-présidente argentine Gabriela Michetti.

La Ville de Buenos Aires remettra également à la princesse le titre d'”Invitée d’honneur” (Visitante Illustre). Une cérémonie aurait dû avoir lieu au siège du gouvernement local mais, en raison de la grève générale des services publics prévue ce même jour et des probables embouteillages sur les routes, les festivitités auront finalement lieu à l’hôtel où réside la délégation belge.

Un contexte économique pas idéal

Le contexte économique de l’Argentine n’est en effet pas idéal pour le moment. Le pays a reçu vendredi 15 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI), première tranche d’un prêt de 50 milliards de dollars, destiné à stabiliser à long terme la 3e économie d’Amérique latine, qui souffre d’une fragilité chronique.

La situation de l’Argentine n’est pas catastrophique, mais le pays sud-américain a besoin de renforcer ses réserves, stabiliser le marché des changes et créer un meilleur climat économique pour attirer les investissements. L’inflation annuelle dépasse les 20% depuis 10 ans. Le peso argentin s’y est en outre considérablement déprécié (35%) depuis le début de l’année, poussant le président argentin à solliciter ce prêt et une cure d’austérité “pour éviter une crise”.

Mais le FMI a mauvaise presse en Argentine. De nombreux Argentins reprochent à l’organisme financier d’être coresponsable de la crise économique de 2001, pour avoir participé à l’élaboration de la politique économique des années 1990, qui a conduit le pays au défaut de paiement, l’Argentine étant incapable de faire face aux échéances de remboursement de sa dette.

“Le pays s’arrête quand l’Argentine joue”

C’est donc dans ce contexte que les syndicats ont convoqué une grève générale pour lundi, mettant notamment à l’arrêt les transports publics. Mardi, c’est l’avenir au Mondial en Russie de Lionel Messi et de la sélection argentine qui occupera tous les esprits. Cela n’empêchera pas les échanges, séminaires et entretiens officiels de se poursuivre. Mais, comme se plaisent à le répéter plusieurs diplomates belges, “le pays s’arrête véritablement quand l’Argentine joue”. Surtout quand celui-ci est au bord de l’élimination… Avant ce match de football d’une importance “capitale”, le président argentin Mauricio Macri recevra la princesse Astrid et les six ministres ou secrétaires d’Etat belges qui l’accompagnent à la Casa Rosada (la Maison rose), le siège du pouvoir exécutif argentin, située au centre de Buenos Aires.

Cette mission économique est la première sortie officielle de la princesse depuis fin février. En mai dernier, on avait appris qu’elle souffrait de troubles du sommeil et qu’elle devait se reposer avant ce déplacement en Amérique du Sud. Ses réflexes sont en tous les cas intacts. Lors du briefing à la délégation marquant le début de la mission, la soeur du Roi est en effet venue au secours d’un orateur qui n’avait pas avec lui ses lunettes et qui peinait à lire sa présentation. Elle lui a remis ses propres lunettes. Lors de ces discours inauguraux, plusieurs fins connaisseurs de l’Argentine ont par ailleurs dépeint un pays à l’image pas si positive. Le manque d’investissements publics y a ainsi un effet négatif sur l’économie, qui est marquée par une forte inflation (27% cette année) et la corruption. La situation est cependant en train d’évoluer depuis 2015 et fait dire aux orateurs qu’il ne faut pas s’arrêter à une image fixe pour se faire une idée du pays. C’est à présent aux entrepreneurs belges d’en profiter.

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