Mesures anticrise prolongées : “nécessaire” (FEB) ou “défensif” (FGTB) ?

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La FEB s’est déclarée mardi “très satisfaite” de la prolongation des mesures anticrise pour trois mois, votée par la commission des Finances de la Chambre et qui doit – en principe – encore faire l’objet d’un vote en séance plénière demain jeudi. La FGTB, elle, plaide pour des mesures offensives plutôt que défensives pour “non seulement sauvegarder mais aussi créer de l’emploi”. Tout en regrettant l’absence de concertation.

Les mesures anticrise – réduction du temps de travail de crise, crédit-temps de crise, chômage économique pour employés et paiement de la prime de crise pour les ouvriers – sont prolongées jusqu’au 30 septembre 2010. Une prolongation renouvelable pour trois mois supplémentaires par arrêté délibéré en conseil des ministres, après avis du Conseil national du travail.

“Grâce à la prolongation du chômage de crise pour les employés, en sus du chômage temporaire pour les ouvriers, les entreprises continuent à bénéficier de la possibilité de réduire temporairement les prestations de leurs travailleurs, tout en maintenant leur personnel en service”, se félicite Pieter Timmermans, administrateur-directeur général de la FEB, cité dans un communiqué.

Le patronat “se réjouit du fait que le monde politique ait bien pris conscience de la situation et de la nécessité d’une prolongation, et ait assumé ses responsabilités en offrant à nos entreprises actives dans un certain nombre de secteurs sévèrement touchés la bouffée d’oxygène dont elles auront besoin dans les prochains mois pour traverser cette période difficile”, conclut Pieter Timmermans.

Mesures anticrise prolongées : une décision d’autant plus appréciée par la FEB que nous sommes en pleine crise politique

La décision de prolonger les mesures anticrise est d’autant plus appréciée par le patronat que, voici moins de deux semaines, il convoquait la presse pour lancer ce cri d’alarme : “Arrêtez de jouer avec le feu !” De nombreux entrepreneurs inquiets se disaient alors “extrêmement préoccupés par les conséquences potentielles de la crise politique actuelle sur le tissu économique : report des investissements, nouvelle détérioration de l’image de la Belgique, etc.”

La FEB demandait donc “expressément que les responsables politiques sortent de leur logique propre. Il est temps que le monde politique prenne également en compte les préoccupations économiques et sociales des entrepreneurs et des citoyens qui craignent une atteinte grave à leur bien-être. Les préoccupations politiques et électorales à court terme des partis ne peuvent plus l’emporter sur les intérêts fondamentaux des citoyens.” Bref, “il est temps d’arrêter de jouer avec le feu”…

Prolongation des mesures anticrise : la FGTB plaide en faveur de mesures plus offensives

[UPDATE 1] Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, s’est, elle, déclarée favorable à la prolongation de la prime de licenciement pour les ouvriers mais sceptique quant à la prolongation du chômage économique des employés : “Très peu d’entreprises ont eu recours à ce système !”

La secrétaire nationale plaide par ailleurs pour la prise de mesures offensives plutôt que défensives pour “non seulement sauvegarder mais aussi créer de l’emploi”. Le syndicat socialiste insiste sur cette nécessité, sachant que des milliers de jeunes entreront en 2010 sur le marché de l’emploi. “A cet égard, la FGTB a formulé des propositions de relance”, rappelle Anne Demelenne.

Prolongation des mesures anticrise : FGTB et CSC s’étonnent de l’absence de concertation

[UPDATE 2] Les syndicats d’employés de la FGTB et de CSC s’étonnent, dans un communiqué commun, de la prolongation des mesures de crise “sans qu’une concertation ait eu lieu avec les partenaires sociaux du Conseil national du travail et à un moment où les discussions au sujet de l’harmonisation des statuts ouvriers et employés sont sur la table au sein du groupe des 10”.

“Nous réaffirmons notre position selon laquelle les mesures de crise ne peuvent être prolongées (ou pourront l’être après le 1er octobre) que sur la base d’un avis unanime du Conseil national du travail et sur la base d’une avancée significative dans les négociations sur l’harmonisation des statuts ouvrier/employé”, assènent les deux syndicats.

En particulier pour la mesure de suspension pour les employés (“chômage temporaire”), les syndicats d’employés estiment qu'”une prolongation n’est possible (ou le sera après le 1er octobre) que dans le cadre d’un accord-cadre global sur l’élimination des différences de statut entre ouvriers et employés”. Les syndicats d’employés Setca, CNE et LBC-NVK soulignent enfin que “les négociations concernant les statuts des travailleurs et des employés ne peuvent mener à un détricotage du statut d’employé et des délais de préavis qui sont prévus”.

Prolongation des mesures anticrise : la CGSLBexprime son “soutien” et sa “compréhension”

[UPDATE 3] La CGSLB a quant à lui exprimé son “soutien” et sa “compréhension” après la prolongation des mesures anticrise jusqu’au 30 septembre 2010 : “Vu la situation économique précaire, nous sommes satisfaits de la prolongation de ces mesures”, a déclaré Bernard Noël, secrétaire national de la CGSLB.

Le syndicat libéral a cependant estimé que le chômage économique des employés doit rester temporaire et intervenir dans le cadre de l’harmonisation nécessaire des statuts ouvrier/employé.

Trends.be, avec Belga

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