Mesure financière coup de poing pour immuniser l’économie mondiale contre le coronavirus

Jerome Powell. © belgaimage

La Banque centrale américaine, la plus puissante du monde, a frappé un grand coup mardi pour tenter d’endiguer l’impact économique du nouveau coronavirus, en annonçant une baisse en urgence des taux d’intérêt et en laissant espérer une action coordonnée avec ses homologues du G7 pour éviter une récession mondiale.

Cette baisse des taux surprise –inédite sous cette forme depuis la crise financière de 2008– va donner “un coup de fouet significatif à l’économie” américaine, a promis Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Jusqu’à présent, la première économie du monde est relativement épargnée par l’épidémie, partie en décembre de Chine et qui touche désormais tous les continents sauf l’Antarctique.

Les économistes redoutent que les Etats-Unis soient à leur tour affectés par l’épidémie, puis ne tombent en récession entraînant dans leur sillage toute l’économie mondiale, déjà fragile.

Ce sont ces craintes qui ont fait plonger les marchés la semaine dernière.

Peu avant, l’annonce de la Fed, les pays du G7, économies les plus riches du monde, avaient de leurs côtés envoyé un signal positif, se disant “prêts à agir, y compris à prendre des mesures budgétaires” pour soutenir l’économie.

Les marchés ont réagi diversement à ces annonces. Si les Bourses européennes l’ont applaudi, l’indice vedette de Wall Street était en chute brutale. Les investisseurs américains voit dans le geste de la Fed l’aveu que l’impact du coronavirus va être bien plus sévère qu’on ne le soupçonnait.

La propagation s’accélère

L’épidémie semble certes faiblir en Chine, où des mesures de quarantaine draconiennes visent plus de 50 millions de personnes depuis fin janvier.

Mais la province orientale du Zhejiang (est) a annoncé que huit Chinois de retour d’Italie étaient porteurs du virus, confirmant les craintes d’une recontamination du pays.

Ailleurs, le virus continue de se propager. Il affecte déjà plus de 92.723 cas, dont 3.155 décès, dans 78 pays et territoires touchés, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 17h00 GMT.

Et l’Ukraine, le Maroc, l’Argentine, le Chili ou encore la Lettonie sont venus mardi grossir les rangs des pays contaminés tandis que l’Espagne faisait état de son premier décès.

En Italie, le pays le plus touché en Europe, 79 décès ont été recensés et plus de 50.000 habitants sont encore en quarantaine dans une “zone rouge”.

Le test sur le pape François, qu’on a vu tousser et le nez pris, s’est toutefois révélé négatif.

Les Etats-Unis comptent une centaine de malades et sept morts. La moitié des personnes affectées avaient été rapatriées de l’étranger. D’autres sont sans lien connu avec un foyer de l’épidémie, laissant à penser que le virus circule sur le sol américain.

Interrogé sur la possibilité d’une contagion à grande échelle, le président américain Donald Trump a voulu calmer le jeu, estimant que ce scénario “n’était pas du tout inéluctable”.

Signe que l’inquiétude est grande: les réunions d’avril du Fond monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui drainent habituellement des dizaines de milliers de personnes à Washington, se tiendront cette année sous un “format virtuel”, ont annoncé Kristalina Goergieva, directrice générale du Fonds et David Malpass, président de la Banque mondiale.

Non sans conséquence pour Washington DC, la capitale fédérale, qui va être privée de cet important afflux de visiteurs.

A Vienne, c’est l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui a décidé de se réunir à huis-clos, sans la presse jeudi et vendredi. Les prix du brut se sont effondrés. Une économie mondiale en berne n’a pas besoin d’or noir.

Masques et télétravail

Dans ce contexte, les fabricants de masques de protection peinent à suivre la demande, l’OMS alertant mardi sur le “rapide épuisement” des stocks d’équipements pour lutter contre le coronavirus.

En France, l’Etat va réquisitionner “tous les stocks et la production de masques de protection” pour les distribuer au personnel soignant et aux personnes porteuses du virus.

L’épidémie bouleverse non seulement l’activité économique mais encore la vie sportive et les gestes de tous les jours.

La NBA a conseillé aux joueurs de basket aux Etats-Unis de faire des poing-à-poing (fist bump) plutôt que l’emblématique “high five” consistant à frapper les paumes avec les fan et les autres joueurs, selon un média américain.

Le Comité olympique international continue toutefois à se préparer “pour des jeux Olympiques de Tokyo-2020 réussis”, a indiqué son président, à moins de cinq mois de la cérémonie d’ouverture.

Le télétravail gagne des adeptes. Google a demandé à des employés en Irlande de travailler à domicile et Twitter a “fortement” encouragé son personnel à faire de même dans le monde entier.

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