“Messieurs les politiques, réglez vos disputes de seconde zone !”

Seconde volet de notre minisérie à l’aube des élections de dimanche, avec cette fois la carte blanche de Pierre De Muelenaere, CEO et président d’I.R.I.S. A ses yeux, “notre pays a besoin d’ambition et de savoir vivre ensemble.” Un avis livré en exclusivité à Trends-Tendances et, bien sûr, complété par l’analyse de Jean Hindriks (UCL, Institut Itinera).

“Des patrons interpellent les politiques”, c’est d’abord un dossier publié par le magazine Trends-Tendances dans son édition du 10 juin. Avec, en bonus, les cartes blanches de deux patrons flamands, Paul Buysse et Martine Reynaers.

Permettez-moi de m’exprimer d’abord en tant que citoyen, né à Bruxelles, avec une origine flamande du côté paternel, et également du côté de ma belle-famille mouscronnoise. Notre famille est installée en Brabant wallon. Nous avons de solides amitiés tant néerlandophones (notamment à Anvers) que francophones, de différentes couleurs politiques. Nous sommes de ceux pour qui la qualité humaine des personnes passe bien avant la couleur politique, la langue d’expression ou la religion. En bref, une famille bien belge, similaire à tant d’autres, des zinneke sans prétentions.

Au cours de ma carrière, j’ai passé de nombreuses années à voyager aux USA et dans divers pays d’Asie, sans même compter l’Europe. Le monde est mon centre d’intérêt et d’investigation et cette expérience m’a donné un certain recul. J’ai souvent été fier de la Belgique, ce petit pays quasiment inconnu dans la plupart des régions du monde à l’exception de sa capitale Bruxelles, capitale de l’Europe. Ce petit pays à l’humour décalé, capable de ne pas se prendre trop au sérieux, capable parfois de s’ouvrir sur de grandes idées, et riche surtout de sa diversité culturelle et de son histoire.

Je suis triste parfois de certaines tendances au repli sur soi, pour ne pas parler de sous-régionalisme ou même de xénophobie dont on est bien obligé de constater le développement dans certains milieux.

J’ai eu la chance de pouvoir lancer ma propre société et de pouvoir vivre ma passion pour la technologie, en étant spin-off d’une université wallonne, grâce à des capitaux flamands et avec un petit groupe de jeunes ingénieurs talentueux et opiniâtres qui m’ont fait confiance. L’entreprise I.R.I.S. n’a jamais eu d’autre objectif que de vendre dans le monde entier. En cumulé, I.R.I.S. a généré beaucoup de richesse pour le pays au cours de ses 22 années d’existence dont la plus grande partie provient de nos exportations et a créé de nombreux emplois au nord comme au sud du pays. I.R.I.S. n’est ni flamande ni wallonne ni même belge. La force d’une société, c’est sa capacité à déployer un modèle d’entreprise à l’international dans le respect des différences et la consolidation des points forts. C’est une condition indispensable de survie et de développement. J’ai coutume de dire que pour un petit pays comme le nôtre, il n’est pas possible de réussir un projet entrepreneurial d’envergure sans une ambition internationale.

Messieurs les politiques, malgré nos différences, nous sommes tous Belges et citoyens du monde. La Belgique est un très petit pays, confronté au nord comme au sud à une crise économique sans précédent, crise qui va durer et qui demandera courage et efficacité. Il y a des priorités à établir, des grands défis à relever, des grands projets à réussir. Il y a des innovations et des nouveaux projets économiques à développer. Nous avons besoin de vous pour régler des disputes de seconde zone (qui je peux vous l’assurer sont bien incompréhensibles vues de l’étranger et ternissent gravement l’image de notre pays) et pour gérer efficacement les problèmes de fond.

Notre pays a besoin d’ambition, de savoir vivre ensemble, de beaux projets à réussir. Nos enfants ont besoin de confiance en eux et de confiance dans les autres. Ils doivent apprendre la richesse de la différence, le respect de l’autre et la puissance de la diversité et de la complémentarité. Ils doivent être fiers de leur pays, de leur région et de leurs hommes politiques. Dans les années à venir, le pays aura avant tout besoin de stabilité et de bonne gouvernance financière et économique. Relevez-donc les vrais défis avec succès ! Pour nos générations futures et pour retrouver la confiance de l’électeur !

L’analyse de Jean Hindriks

Une circonscription fédérale ? “Depuis quelques années, le groupe PAVIA propose que 10 % des membres de la Chambre soient élus dans une circonscription fédérale, avec une double motivation : éviter les surenchères communautaires et responsabiliser les politiques par rapport à l’intérêt général de l’ensemble de la population. Reste à voir si une circonscription fédérale pourrait réellement changer les moeurs politiques, quand on sait qu’au cours des trois dernières législatures, les votes des partis au Parlement se sont polarisés davantage selon l’axe communautaire que par tendance politique. Une circonscription unique ne va pas faire disparaître les divergences de fond. Les partis libéraux et verts sont favorables à une circonscription fédérale, mais à condition d’augmenter le nombre de députés… Il n’y a pas unanimité dans les rangs socialistes et sociaux-chrétiens.

Probabilité de mise en place : 2/5 car trop de désaccords au sein des socialistes et des sociaux-chrétiens.

Coordination : Olivier Fabes

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