Même si l’économie et l’emploi ont progressé en 2017, les défis restent importants

© JELLE VERMEERSCH

Si l’économie et surtout l’emploi ont progressé en Belgique en 2017 et si la situation budgétaire s’y est améliorée, des défis importants restent à relever.

Tel est en substance le message délivré par Jan Smets, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB), à l’occasion de la présentation du rapport annuel de l’institution, rapport qu’a refusé de cautionner dans son intégralité Rudy De Leeuw, président de la FGTB et à ce titre membre du conseil de régence de la Banque nationale.

L’an passé, la croissance du PIB belge a ainsi atteint 1,7%, en hausse par rapport à la croissance d’1,2% affichée en 2016 mais en-deçà de celle de la zone euro et de celle des trois grands pays voisins. “Des Etats comme les Pays-Bas et l’Allemagne ont déjà terminé leur assainissement budgétaire, l’Allemagne voyant en outre ses dépenses publiques augmenter à la suite des flux d’immigration. Par ailleurs, certains pays de la zone euro, dont l’Espagne, sont engagés dans un important mouvement de rattrapage. Il n’est donc pas étonnant que la croissance belge soit légèrement inférieure à celle de ces pays”, a commenté Jan Smets.

Parallèlement à la croissance économique, la création d’emplois s’est révélée “particulièrement robuste” en Belgique, 66.000 nouveaux postes y ayant été créés l’an passé grâce entre autres à la réduction du coût du travail, à l’activation des demandeurs d’emplois et à une offre de main d’oeuvre soutenue par l’allongement des carrières, s’est félicité le gouverneur de la Banque nationale. Selon la BNB, l’emploi n’avait plus progressé autant depuis 2008 alors qu’au cours des quatre dernières années, ce ne sont pas moins de 180.000 emplois qui ont été créés. En 2017, le taux de chômage est retombé à 7,3%, un niveau qui reste toutefois “intolérablement élevé” pour la BNB même si le nombre de demandeurs d’emploi s’est contracté de 28.000 unités.

“La croissance économique belge est particulièrement porteuse d’emplois. Par pour-cent de croissance, on a créé 0,8% d’emploi, ce qui est supérieur aux autres pays de la zone euro”, a souligné Jan Smets

Au rayon des bonnes nouvelles toujours, ce dernier a également pointé la réduction “sensible” du déficit budgétaire, de 2,5% du PIB en 2016 à 1% l’année suivante, une amélioration qui résulte notamment d’une nouvelle diminution des charges d’intérêts, de l’embellie conjoncturelle et de la maîtrise des dépenses primaires. Quant à la dette publique, elle s’est “significativement repliée pour la première fois depuis des années”, à 102,8% du PIB.

“Il s’agit toutefois de ne pas se reposer sur ses lauriers. La bonne conjoncture économique doit être exploitée pour constituer des réserves pour l’avenir” alors que les défis sont nombreux, a poursuivi le gouverneur. La dette publique reste en effet élevée et le vieillissement de la population, malgré la réforme des pensions, entraînera des coûts supplémentaires. En outre, se posent dorénavant des questions telles que la mobilité, la transition énergétique ou la garantie d’un filet de sécurité sociale qui appellent des réponses.

Face à ces zones d’ombre, la BNB appelle au maintien d’un équilibre budgétaire, à une coordination budgétaire entre les différents niveaux de pouvoir ainsi qu’à la poursuite des réformes structurelles soutenant le potentiel de croissance de l’économie. “Du côté des dépenses, il y a également de la marge pour des ajustements propices à la croissance, en particulier en matière d’investissements de soutien à l’économie et au tissu social”, a encore estimé la Banque nationale.

“2017 était une bonne année pour l’Europe et pour la Belgique où de nombreux emplois ont été créés. C’était bien mais il faut poursuivre les efforts afin d’assurer une croissance durable et inclusive. Un dicton dit que c’est quand il y a du soleil qu’il faut réparer le toit. D’un point de vue économique, 2017 a été une année ensoleillée. Nous avons donc réparé le toit et il faut continuer”, a conclu Jan Smets.

La FGTB ne souscrit pas à un rapport soutenant explicitement la politique gouvernementale

Malgré l’attention portée par la Banque nationale de Belgique (BNB) aux revendications syndicales, la FGTB – comme l’an passé – ne peut souscrire entièrement au rapport annuel de l’institution, “en raison des passages soutenant explicitement la politique gouvernementale”, a indiqué le syndicat socialiste.

Ce dernier soutient néanmoins différents points du rapport, dont l’attention accordée à la durabilité, à la cohésion sociale et à l’inclusion. L’importance portée aux investissements en matière d’innovation, de formation et d’infrastructure est également saluée tout comme le fait que la BNB “reconnaisse une croissance plus lente de l’emploi en Belgique par rapport à la zone euro”.

“Nous soutenons également l’accent mis sur la neutralité budgétaire des mesures (para)fiscales prises par ce gouvernement ainsi que la demande de respecter le cadre des négociations au niveau interprofessionnel”, poursuit la FGTB qui attache aussi, comme la BNB, “une grande importance au parachèvement de l’union bancaire, avec en particulier le mécanisme de résolution unique et le système de garantie des dépôts”.

Voilà pour le positif. “Malheureusement, nous ne pouvons pas marquer notre accord avec certains passages cruciaux” du rapport, tempère le syndicat. Ainsi, selon lui, “l’affirmation explicite selon laquelle la politique du gouvernement commence à porter ses fruits, ne peut pas être confirmée” alors que “la croissance économique et l’évolution de l’emploi en Belgique restent à la traîne par rapport à la moyenne de la zone euro” et que “les emplois créés demeurent précaires”.

Par ailleurs, la BNB “exprime explicitement son soutien au nouveau cadre en matière de formation des salaires”. Or, pour la FGTB, “continuer à restreindre l’autonomie des partenaires sociaux via la réforme de la loi de 1996 compliquera une juste répartition, entre le travail et le capital, du développement économique.”

“Nous déplorons en outre l’absence d’éléments visant à plaider pour rendre le travail plus faisable, en particulier pour les travailleurs âgés”, ajoute le syndicat qui regrette enfin que le rapport “n’accorde pas suffisamment d’attention à la nécessité d’une fiscalité plus juste”. “La BNB soutient notamment que la diminution de l’impôt des sociétés s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’évasion fiscale. Pour nous, pour lutter efficacement contre l’évasion fiscale, il faut prioritairement mettre fin aux possibilités d’échappatoires fiscaux et certainement pas s’adonner à une course vers le bas en matière de taux d’imposition”, conclut la FGTB.

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