Martin Schulz veut un investissement public garanti en Allemagne

Martin Schulz © Reuters

Les sociaux-démocrates allemands, rivaux d’Angela Merkel en vue des élections de septembre, ont annoncé dimanche vouloir garantir un montant minimum d’investissement public en Allemagne, régulièrement critiquée par ses partenaires pour ne pas dépenser assez.

“Aux côtés du frein à l’endettement nous avons besoin d’un montant minimum pour les investissements” de l’Etat dans la Constitution nationale, a indiqué le chef de file du SPD à Berlin, Martin Schulz, en détaillant le programme électoral du parti.

Sous l’impulsion de la chancelière conservatrice Angela Merkel, l’Allemagne a inscrit en 2009 dans sa Loi fondamentale un “frein constitutionnel à l’endettement”.

Celui-ci limite depuis 2011 le déficit structurel annuel de l’Etat fédéral et celui des Etats régionaux, hors effets non contrôlables de la conjoncture, à 0,35% du Produit intérieur brut (PIB).

Depuis plusieurs années, l’Allemagne enregistre en réalité des excédents budgétaires au niveau fédéral et a réduit sa dette en proportion de son PIB.

Mais cette politique, combinée à des excédents commerciaux records, est critiquée à l’étranger: l’Allemagne se voit accusée de profiter de ses partenaires, à qui elle vend en masse les produits “made in Germany”, mais de garder les cordons de la bourse fermés lorsqu’il s’agit de soutenir la croissance globale en Europe via des investissements profitant à tous.

Le président français Emmanuel Macron a ainsi jugé dans une interview publiée jeudi que l’Allemagne “doit bouger” dans ce domaine. Berlin “doit accompagner une relance de l’investissement public et privé en Europe”, a-t-il dit.

The Economist vient aussi de résumer les griefs à l’encontre de l’Allemagne avec une Une ayant fait grand bruit: “Le problème allemand: pourquoi son excédent porte préjudice à l’économie mondiale”, y disait l’hebdomadaire britannique avec en effigie l’aigle germanique toutes ailes et griffes déployées.

“L’Etat, et c’est justifié, ne doit pas créer des déficits qui ne sont pas nécessaires”, a argumenté Martin Schulz, “mais dans ce cas il doit aussi ancrer dans le marbre la manière dont il compte utiliser son argent pour améliorer les infrastructures”, en matière de transport, d’énergie ou d’internet.

Angela Merkel reste elle très réservée sur le sujet, préférant utiliser les excédents surtout pour réduire la dette et financer les retraites de la population allemande âgée.

La chancelière a estimé dimanche que son gouvernement avait déjà “massivement augmenté les investissements” dans une interview à la chaîne de télévision ARD.

“Pour le moment, nous ne pouvons dépenser l’argent dont nous disposons”, a-t-elle ajouté, en estimant que l’Etat fédéral et les Etats régionaux devaient encore planifier leurs besoins précis et que cette procédure était trop lente.

Pour la prochaine législature, elle a réaffirmé vouloir qu’un tiers des excédents budgétaires soient consacrés aux investissements d’infrastructure.

Les sociaux-démocrates ont peu de chances de lui ravir le pouvoir lors des élections législatives du 24 septembre. Ils sont en retard de plus de quinze points dans les sondages sur les conservateurs.

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