Malmenée, l’OMC demande aux USA de s’engager davantage

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Fragilisée par les critiques des Etats-Unis, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entre lundi à Buenos Aires dans le coeur des discussions en demandant au gouvernement de Donald Trump “un engagement politique” et plus de “flexibilité”.

Outre les charges régulière de l’administration américaine, l’organisation chargée de réguler le commerce mondial est aussi minée par des conflits entre la Chine et d’autres pays membres.

Les Etats-Unis envisagent de renégocier les accords commerciaux conclus sous l’égide de l’OMC, après s’être déjà retiré brutalement de l’accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP) et avoir forcé le Canada et le Mexique à renégocier l’accord Aléna.

Washington a dépêché à Buenos Aires une délégation conduite par son représentant au Commerce Robert Lighthizer, négociateur très critique à l’égard de l’OMC et notamment son système de règlement des conflits.

Dimanche, lors d’une conférence de presse marquant le début de la Conférence ministérielle, qui se réunit jusqu’à mercredi dans la capitale argentine, le directeur général de l’organisation, le Brésilien Roberto Azevedo, a mis la pression sur les Etats-Unis.

M. Azevedo a dit qu’il demanderait à M. Lighthizer “un engagement politique, de la volonté politique et de la flexibilité”. “Sans flexibilité, nous n’irons nulle part”, a-t-il prévenu.

Mettant en doute son efficacité, Washington complique le fonctionnement de l’organisme de règlement des conflits de l’OMC, une des raisons d’être de l’OMC, car il arbitre les nombreux conflits entre gouvernements sur les subventions ou les droits de douane.

Il joue par exemple un rôle important dans la guerre commerciale entre l’Américain Boeing et l’Européen Airbus.

‘Plus d’OMC’

Le patron de l’OMC a également répété sa foi en son organisation.

“Je crois en ce système. Non pas parce qu’il est parfait mais parce qu’il est essentiel, et c’est le meilleur que nous avons”, a plaidé M. Azevedo, soulignant que l’OMC a permis d’éviter “des protections unilatérales, des guerres économiques potentielles et une catastrophe économique”.

“Buenos Aires”, avait-il dit avant de venir dans la capitale argentine, “ne sera qu’une étape supplémentaire dans la direction d’une libéralisation du commerce”.

Dimanche, le président argentin de centre-droit Mauricio Macri a lui-aussi pris la défense de l’OMC.

“Les problèmes de l’OMC se résolvent avec plus d’OMC, et non moins d’OMC”, a lancé M. Macri, un ancien homme d’affaires, qui a libéralisé l’économie argentine après 12 ans de présidence de Nestor et Cristina Kirchner, qui avaient rompu avec les marchés.

Un dispositif de sécurité inhabituel a été déployé autour de l’hôtel Hilton de Buenos Aires, qui héberge la réunion, avec des barrières érigées à 300 mètres tout autour de l’établissement.

Car il n’y pas de sommet de l’OMC sans mobilisation. Dimanche, plusieurs centaines de militants d’associations argentines ont manifesté leur rejet du libéralisme prôné par l’OMC, sans incidents.

L’OMC a progressivement perdu de son influence, incapable par exemple de régler les désaccords entre certains membres et la Chine, entrée dans ses rangs en 2001.

UE-Mercosur

Américains et Européens reprochent à Pékin de soutenir excessivement ses industriels, ce qui leur permet de vendre par exemple leur acier ou leur aluminium à des prix dérisoires.

La Chine cherche à obtenir à l’OMC le statut “d’économie de marché” mais les Etats-Unis et les Européens y sont réticents.

Les négociations UE-Mercosur pour un accord de libre-échange, entamées dans les années 1990, ont avancé ces derniers mois et les Argentins poussent pour faire une annonce en ce sens à Buenos Aires.

Un accord entre Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) et Union européenne se heurte à des réticences historiques. Les Européens redoutent un afflux de produits agricoles sud-américains, de la viande au biodiesel à base de soja.

De leur côté, les industriels du Mercosur craignent de ne pas pouvoir faire face à la concurrence de produits manufacturés européens.

Un diplomate européen fait remarquer que le discours protectionniste américain a “un effet dopant sur les négociations d’accords commerciaux” contournant les Etats-Unis, citant en exemple l’UE et le Japon qui ont annoncé vendredi avoir “finalisé” un grand accord de libre-échange.

“Un accord UE-Mercosur, dit-il, ce ne serait pas seulement un traité de libre-échange, mais un accord géostratégique important, un signal politique fort”.

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