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“Les taux fixés artificiellement à 0% vont détruire le capitalisme”

Le capitalisme ne peut pas survivre avec des taux d’intérêt fixés artificiellement à 0%, ce n’est pas un épargnant râleur et mécontent de son compte d’épargne qui dit cela, mais Bill Gross, l’une des légendes de Wall Street (1).

Le capitalisme ne peut pas survivre avec des taux d’intérêt fixés artificiellement à 0%, ce n’est pas un épargnant râleur et mécontent de son compte d’épargne qui dit cela, mais Bill Gross, l’une des légendes de Wall Street (1). Ce vieux briscard de la Bourse, âgé aujourd’hui de 65 ans, a longtemps été surnommé le “roi du marché obligataire”. Il faut dire qu’il a géré – et avec succès – Pimco, le plus grand fonds obligataire du monde. On parle de 300 milliards de dollars. Quand on gère un fonds obligataire aussi puissant, on peut parler des taux d’intérêt avec assurance. Je résume sa pensée en disant que Bill Gross pense que ces taux fixés artificiellement à 0% risquent de détruire le capitalisme, ni plus ni moins. Il sait bien que ces taux ont été fixés à ce niveau pour nous permettre à nous consommateurs de consommer et aux entreprises d’investir plus facilement.

Mais aujourd’hui, dit-il, le résultat est pitoyable. Non seulement, nos économies ne décollent pas, ce qui prouve qu’un consommateur ne consomme pas davantage parce que les taux d’intérêt sont bas, mais parce qu’il a d’abord confiance dans l’avenir. Et puis, ce que dit Bill Gross, c’est que comme les taux sur les placements sans risques du type obligations ou livret d’épargne sont de 0%, les investisseurs sont poussés à chercher du rendement vers des placements risqués. En résumé, c’est de la très mauvaise gestion.

Les taux fixés artificiellement à 0% en passe de détruire le capitalisme

Bill Gross n’est pas le seul à penser de la sorte, son compatriote américain Bill Bonner, dont je vous parle de temps en temps ici, ne dit pas autre chose, mais à sa manière,il nous rappelle (2) que les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas depuis 5000 ans !

Ensuite, profitant d’une croisière en Grèce, il s’est souvenu que les Grecs anciens n’essayaient pas d’imiter les Dieux. Ils savaient que s’ils essayaient, ils allaient provoquer un désastre car les Dieux de l’Olympe devenaient jaloux et les punissaient. Or, justement, Bill Bonner pense que les humains ont perdu la boule et se sont pris pour des Dieux, ils ont manipulé les taux d’intérêt au lieu de laisser faire la loi de l’offre et de la demande. Les taux qui devraient être à 2%, 4%, ou 1%, peu importe leur niveau, sont bloqués artificiellement à 0%.

Résultat: aujourd’hui la présidente de la banque centrale américaine, l’économiste Janet Yellen, qui est en réalité la femme la plus puissante au monde, est coincée avec ses collègues de sa banque centrale. Comme les taux sont bas depuis presque 10 ans, elle sait que si elle les augmente, ce sera un drame, et si elle les laisse aussi bas, ce sera tout aussi dramatique. En conclusion, selon Bill Bonner, les humains peuvent tenter de tricher au casino ou tenter de tricher avec les tests d’émission de moteurs diesel mais ils ne peuvent pas fixer les taux d’intérêt. En fait, ils ne peuvent pas vaincre les Dieux.

  • Bill Gross, Bloomberg RadioBill Bonner, la chronique agora, 9 octobre 2015

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