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‘Les idées simples sont souvent les plus ambitieuses, en politique aussi’

PMI. Retenez bien ces trois lettres: elles risquent de sonner d’ici peu aussi souvent à vos oreilles que, disons, FMI.

Il ne s’agit pourtant de rien de financier, mais d’un domaine qui va cependant plus que probablement révolutionner nos existences : la Precision medicine initiative, lancée officiellement par Barack Obama le 20 janvier dernier, et qui semble déjà prendre corps outre-Atlantique. Le concept est d’une rare simplicité ; la “médecine de précision”, ce n’est rien d’autre que la mise en place de stratégies de prévention et de traitement qui prennent en compte des variables individuelles.

Le moment pour déployer ce genre de médecine est idéal. En effet, nous sommes capables de décrypter le génome humain en un jour et pour moins de 1.000 dollars, les méthodes biomédicales de caractérisation des patients n’ont jamais été aussi puissantes, et nous avons à disposition les outils nécessaires pour analyser rapidement de grandes quantités de données (livrées, entre autres, par nombre d’applications mobiles). En un graphique posté sur le site internet du ministère américain de la santé, tout est expliqué. L’objectif ? Rassembler une cohorte d’un million d’Américains qui partageront volontairement des données génétiques, des échantillons biologiques et des informations sur leur mode de vie afin d’individualiser au maximum la médecine et la rendre plus efficace. Pour cela, Barack Obama n’hésitera pas à modifier la Common Rule, la loi qui protège la vie privée des sujets de recherche aux Etats-Unis, afin de tenir davantage compte de leur rôle actif dans la science moderne et de faciliter la mise en oeuvre de la PMI. Et il n’hésitera pas non plus à aller chercher partout dans le monde les meilleurs cerveaux, les sociétés les plus pointues, afin de faire de son projet un succès.

Les idées simples sont souvent les plus ambitieuses, en politique aussi

Plusieurs leçons peuvent être tirées de ce qui apparaît comme la prochaine domination américaine. Premièrement, on en a ras-le-bol de le dire et de le répéter, mais l’Europe doit à tout prix retrouver cet esprit de grands projets. Evidemment, nos multiples niveaux de pouvoir ne nous aident pas. Mais si la politique européenne — et plus encore, belge — est compliquée, faisons en sorte que les projets politiques soient aussi simples que possible ! Prenons le Small Business Act wallon dont “les travaux déboucheront sur une feuille de route détaillée composée de fiches- projets dotées d’indicateurs de résultats, élaborés en collaboration avec l’IWEPS”. Avouez qu’il y a moyen d’être plus to the point.

Deuxièmement, si nous voulons prendre part à cette course au progrès, il va falloir mettre le paquet dans le secteur médical… Mais pas seulement. Puisque alimentation et santé sont étroitement liés, la médecine de précision ne va faire qu’augmenter la pression qui pèse déjà sur le secteur agroalimentaire. Ne riez pas : on prévoit d’ici peu la mise au point d’une toilette intelligente, qui analysera vos déjections pour vous conseiller un régime alimentaire parfaitement adapté à votre flore intestinale. Peu de chances que ces cuvettes high-tech préconisent l’absorption massive de pesticides, conservateurs et autres exhausteurs de goût. Ce qui a fait le succès de l’industrie agroalimentaire et qui pose aujourd’hui question — est-il normal que ce pain reste frais deux semaines durant ? — risque donc de devenir à court terme la principale menace pour ce secteur.

Hasard du calendrier, nous sommes au beau milieu de la semaine du bio en Belgique. Et si on décidait de devenir les champions mondiaux de ce type d’agriculture ? Les idées simples sont souvent les plus ambitieuses. Et l’avantage, c’est qu’on ne perd pas de temps à les formuler.

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