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Les hommes forts et la fable de la lutte anti-corruption

Les dictateurs et autres hommes forts qui ont la cote en ce moment, que ce soit en Russie, en Turquie, aux Etats-Unis, en Hongrie ou au Brésil, jouent sur la carte anti-corruption et sur le fait qu’avec eux, l’économie marche mieux. En réalité, tout cela, c’est du pipeau, nous dit Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco.

Les hommes forts ont la cote en ce moment. Nous nous étions habitués à Poutine en Russie, au premier ministre chinois, à Erdogan pour la Turquie, à Trump pour les Etats-Unis et voilà maintenant qu’en Amérique du sud, plusieurs pays optent pour des gouvernements à poigne, le Brésil étant le dernier à avoir opté pour Bolsonaro, un nostalgique de la dictature militaire.

Et je ne parle même pas de l’Europe, avec la Hongrie de Viktor Orban ou l’Italie de Salvini. La mode des hommes forts ressemble à une sorte raz-de-marée mondial.

A priori, il y a des raisons objectives à l’arrivée de tous ces hommes providentiels: la plupart d’entre eux ont été élus parce qu’ils ont promis de mettre fin à l’insécurité, de mettre un terme à la corruption et de relancer la machine économique.

Sur le papier, c’est séduisant mais est-ce vraiment le cas lorsqu’on prend du recul ? Réponse : c’est du pipeau. Ce ne sont que des promesses, et ces gouvernements font souvent pire que ceux qu’ils prétendent remplacer en mieux.

Le journal Le Monde a appelé ce phénomène “la duperie des régimes forts”, à raison.

L’argument de la fin de la corruption est par exemple une tromperie. Prenons ce thème qui a été central dans la dernière élection au Brésil : le candidat gagnant Jair Bolsonaro a fait part de sa nostalgie de l’ancienne dictature militaire qui a gouverné son pays avec beaucoup de poigne.

La plupart des “hommes forts” ont été élus parce qu’ils ont promis de mettre fin à l’insécurité, à la corruption et de relancer la machine économique. En réalité, c’est du pipeau.

Il a profité de l’extrême jeunesse de la population brésilienne qui n’a pas connu ses militaires pour en rajouter un coup sur cette période soi-disant bénie.

Sauf que le nouveau président brésilien oublie de dire que les hauts militaires brésiliens s’étaient tous enrichis au pouvoir après 1964. La Hongrie de Viktor Orban joue également sur la corde sensible de l’anti-corruption.

Sauf que là aussi, le pays réel ne correspond pas au pays fantasmé par son dirigeant. La preuve, en Hongrie, le prix des marchés publics est de 25% supérieur à celui à l’étranger, et ça, c’est une belle preuve de corruption.

Mais alors, les fans de ces hommes forts diront qu’au moins, ces pays ont une belle croissance. Mais quelle croissance ?

Un seul exemple pour démontrer l’absurdité de l’argument. Prenons le cas de la Russie : cela fait 18 ans que Poutine est au pouvoir. A l’extérieur, il semble fort, mais si son pays joue encore un rôle sur le plan politique, en revanche, sur le plan économique, c’est un nain de jardin.

Au bout de 18 ans de pouvoir, comme l’indique le journal Le Monde, son pays dépend toujours des hydrocarbures.

Autrement dit, son pays n’a pas réussi à développer un secteur privé fort, exactement comme certains pays africains qui vivent de la rente des matières premières. Et donc, quand le prix du pétrole est en baisse, les caisses de l’Etat russe sont vides et tout ce que peut faire Poutine, c’est gesticuler pour cacher son impuissance économique. En résumé, le discours des hommes forts sur la corruption et sur la croissance plus forte, c’est une fable, une pure fiction.

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