Le tax shift crée trop peu d’emplois à un coût trop élevé
“Le glissement des charges sur le travail (soit la diminution des charges patronales de 33 % à 25 %) vers la taxation de la consommation et une réduction de l’impôt sur les personnes physiques grâce au rehaussement de la quotité exemptée d’impôt devait permettre à la Belgique de créer un nombre inédit d’emplois supplémentaires, tout en étant budgétairement neutre. C’est du moins ce que prétendent le gouvernement et les patrons, mais pas ce qui ressort d’une étude de la KU Leuven”, estime mardi le syndicat libéral CGSLB.
En fonction de plusieurs scénarios, des économistes de la KU Leuven estiment l’effet du tax shift sur l’emploi, durant la période 2016-2020, à la création de 65.000 à 92.000 emplois supplémentaires. Si le gouvernement fédéral devait relever les impôts indirects pour combler le déficit de financement, les emplois supplémentaires seraient limité à 43.800.
“Dès le départ, nous avons vivement critiqué le tax shift du gouvernement Michel. Nous avons même proposé notre alternative réellement neutre sur le plan budgétaire. Nous interprétons la confirmation par une étude scientifique du résultat terriblement décevant du tax shift comme une gifle à la figure des travailleurs, des allocataires sociaux et des partenaires sociaux”, souligne Mario Coppens, président de la CGSLB.
L’étude scientifique fait ressortir que l’impact du tax shift dans la croissance actuelle de l’emploi est faible. Celle-ci est surtout imputable à l’amélioration de la conjoncture économique internationale. La création d’emplois n’est pas spectaculaire, puisqu’elle se limitait à 1,3 % en 2017, nettement moins que la moyenne européenne de 1,6%, estime le syndicat. La CGSLB constate que les nouveaux emplois qui se créent sur le marché du travail belge sont de “qualité moindre”. “Alors que la population active a augmenté de 4,7 % entre 2007 et 2016, quelques formes de travail atypiques ont fortement progressé avec notamment une hausse de 13,25 % des indépendants sans personnel, une hausse de 10,8 % du travail temporaire, et de 17,6 % du travail à temps partiel”, explique la CGSLB.
“Le tax shift se solde, selon l’étude, par une forte perte financière. Le retour sur investissement pour les 65.200 emplois supplémentaires s’évalue à un petit 394 millions d’euros. Comme le financement du tax shift n’est absolument pas couvert, le budget est grevé d’un déficit supplémentaire de quelques milliards d’euros. Bref, le tax shift est loin de la neutralité budgétaire”, conclu le syndicat.