Le gouvernement wallon pourrait renoncer à taxer les tickets d’avion

© Belga

La taxe de 3 euros par vol, projetée pour les voyageurs partant d’un aéroport wallon, ne serait pas appliquée. Les menaces de Ryanair de réduire sa présence à Charleroi rendent cette taxe fort improbable.

Ryanair et les directions des aéroports de Charleroi auraient-il finalement obtenu gain de cause ? Le gouvernement wallon a renoncé à son projet de taxe de 3 euros par passagers qui fâchait compagnies aériennes et aéroports. Notre confrère L’Echo annonce l’information sur son site, en ajoutant que les subsides aux aéroports seront aussi réduits. Les discussions budgétaires du gouvernement wallon sont encore en cours ce jeudi, ces décisions doivent encore être confirmées d’ici la fin de la journée.

Pas de TVA pour les tickets d’avions, donc..

En Europe, les tickets d’avions pour les vols internationaux ne sont pas soumis à la TVA, contrairement au train ou aux autocars. Cette situation exceptionnelle perdure, malgré la volonté de la Commission européenne d’y mettre fin. En attendant un accord encore incertain, plusieurs pays ont créé des taxes sur mesure. Au Royaume-Uni, la taxe va de 13 à 188 livres, selon la destination et la classe ; en Allemagne, elle va de 7,5 à 42,18 euros. L’Italie et la France ont aussi développé leur fiscalité du ticket d’avion.

Taxe impossible pour les petits pays

Les petits pays ont plus de mal à créer ou maintenir ce type de taxe. Les Pays-Bas, l’Irlande et le Danemark ont créé des taxes pour y renoncer parfois très vite (après un an pour les Pays-Bas). La raison ? Les petits pays développent leurs aéroports internationaux en attirant un trafic extérieur, de correspondance, qui n’est pas directement lié au marché national. Lorsqu’une taxe est imposée, le risque est grand de voir des compagnies s’en aller vers un pays voisin, fiscalement plus clément. La Belgique, et a fortiori la Wallonie, est dans cette situation. Le gouvernement fédéral a ainsi projeté puis renoncé à des taxes sur les passagers en 2009 et 2012. Les grands pays disposent d’un marché national suffisamment important pour maintenir leur fiscalité.

Charleroi très – trop ?- dépendant de Ryanair

La situation des aéroports wallons est encore plus fragile que celle de Brussels Airport. Brussels South (Charleroi) est très dépendant des activités de Ryanair, qui représente plus de 80% des passagers qui passent par cet aérogare. Or la compagnie irlandaise a promis de réduire de 17% ses activités à Charleroi au cas où une taxe était créée, soit un million de passagers de moins. Ennuyeux : les infrastructures aéronautiques sont basées sur des coûts fixes, pareil retrait aurait un impact très négatif sur les comptes de Brussels South. La menace de Ryanair est sérieuse : la compagnie a l’habitude de changer brutalement ses dessertes lorsqu’elle est mécontente d’un nouveau tarif aéroportuaire ou d’une nouvelle taxe. Elle peut aisément relocaliser les vols supprimés dans des aéroports de pays voisins.

Robert van Apeldoorn

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