La marge salariale de 0,4%, une “aumône” inacceptable pour le front commun syndical
La CSC, la FGTB et la CGSLB ne peuvent pas souscrire à la marge salariale de 0,4% pour les deux prochaines années, réagit jeudi après-midi le front commun syndical au rapport du Conseil central de l’économie (CCE). Une telle “aumône” est inacceptable pour les travailleurs, estime-t-il.
Le rapport technique du CCE forme la base des négociations entre les employeurs et les syndicats pour le nouvel accord interprofessionnel (AIP) qui établit la norme salariale pour le secteur privé. Ces négociations sont menées tous les deux ans.
La CSC, la FGTB et la CGSLB fustigent tout d’abord une nouvelle fois le durcissement de la loi de 1996 sur les salaires. Depuis 2017, les augmentations salariales antérieures et présumées dans les pays voisins (France, Allemagne et Pays-Bas) et l’indexation automatique ne sont en effet plus les seules balises. D’autres corrections réduisent désormais davantage cette marge de négociation, dénoncent les syndicats. Pour eux, “le logiciel est truqué”, car il enferme les négociations dans un carcan, et ce durcissement est “en complète déconnexion avec la réalité”.
Si, les deux dernières fois, les salaires avaient pu être relevés de 1,1%, cette fois-ci, la marge maximale sera de 0,4%. Une marge à laquelle ne peut souscrire le front commun, qui la qualifie d'”aumône” inacceptable.
“De nombreux travailleurs n’ont pas arrêté de travailler malgré les circonstances sanitaires difficiles. Une marge salariale ne peut être qu’indicative. Tous les secteurs n’ont pas été touchés de la même manière par la crise. Une norme indicative n’empêchera pas les secteurs d’engager des négociations pour augmenter les salaires de manière responsable, comme ils l’ont toujours fait”, préviennent les trois syndicats.
L’augmentation du pouvoir d’achat, à travers des revalorisations de salaires brut, bénéficiera directement à l’économie, estiment-ils encore.
Une attention particulière devra par ailleurs être donnée à d’autres thèmes lors de la négociation de l’AIP: une augmentation substantielle du salaire minimum et des bas salaires, la gestion des carrières et des fins de carrières, la qualité de l’emploi, une mobilité durable et l’encadrement social des restructurations, concluent la CSC, la FGTB et la CGSLB.
Pas de marge pour augmenter les salaires
Les partenaires sociaux, réunis au sein du Groupe des 10, doivent tenter de trouver un accord. Lors de la préparation du rapport du Conseil, de nombreuses discussions ont déjà eu lieu. Les employeurs, via la FEB et Agoria, ont déjà laissé entendre qu’il n’y avait pas de marge pour augmenter les salaires. Pour le syndicat socialiste FGTB, cette affirmation menace la paix sociale. Les syndicats des métallurgistes demandent une hausse salariale comme moyen de relance économique.
La norme salariale est importante car la Belgique est un petit pays à économie ouverte, fortement dépendant des exportations vers les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Si les coûts salariaux belges augmentent plus vite que ceux des pays voisins, la compétitivité belge diminuera, ce qui peut avoir un impact négatif sur l’emploi.