La Grèce renégocie sa dette : info ou intox ?

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Les rumeurs vont bon train sur l’éventualité que la Grèce décide d’engager des négociations avec ses créanciers en vue de réduire le montant de sa dette. Le pays, le FMI, l’Eurogroupe ont beau affirmer le contraire, rien n’y fait : les investisseurs parient sur la faiblesse d’Athènes.

Georges Papaconstantinou, ministre grec des Finances, a affirmé samedi à Washington qu’une restructuration de la dette de son pays n’était “tout simplement pas à l’ordre du jour” : “Le gouvernement grec a été très clair, a-t-il déclaré à des journalistes en marge des réunions semestrielles de la Banque mondiale et du FMI. Restructurer n’est tout simplement pas à l’ordre du jour. Il n’y pas de débat à ce sujet !” Les sacrifices et le coût d’une restructuration de la dette seraient “plus élevés que les avantages”, a-t-il conclu.

Les rumeurs vont bon train sur l’éventualité que la Grèce décide d’engager des négociations avec ses créanciers en vue de réduire le montant de sa dette. Plusieurs analystes estiment une telle restructuration inévitable. Mi février, le think tank Bruegel estimait ainsi que le pays aurait besoin d’une réduction de valeur de 30 % des titres de sa dette pour aboutir à un niveau d’endettement de 60 % du PIB d’ici 20 ans (norme de la zone euro).

Georges Papaconstantinou a reconnu qu’il y avait “beaucoup de turbulences en ce moment”. Grâce à l’application par Athènes du programme de réduction du déficit et de réformes, conclu l’an dernier avec le FMI et les Européens en échange d’une aide financière de 110 milliards d’euro, “la situation s’améliorera et nous serons en mesure de retourner sur les marchés”, a-t-il néanmoins prévenu.

Selon le ministre grec, “d’ici la fin de 2011, nous aurons passé le cap”, et “ce n’est pas simplement un voeu pieux. Nous commençons à sentir que nous sommes à un tournant. Personne ne doit se tromper sur la volonté et la détermination du gouvernement à poursuivre un travail très difficile.”

Il confirme ainsi les propos tenus vendredi par Georges Papandreou, son Premier ministre, pour qui “la Grèce résoudra en profondeur ses problèmes, non pas en restructurant la dette mais en restructurant le pays”.

Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, a tenu cette semaine des propos dans la presse interprétés par des analystes comme un aveu que l’Allemagne envisageait la restructuration de la dette grecque, ce qui a agité les marchés. Le ministre allemand a ensuite déploré une mauvaise interprétation de ces propos. Interrogé sur ces déclarations, Georges Papaconstantinou a déclaré : “Je n’ai pas vu mon ami, M. Schäuble, mais nous nous parlons beaucoup.”

Les rumeurs sur la restructuration de la dette de la Grèce sont “infondées”, selon Juncker

Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a affirmé vendredi à Washington, en marge d’une réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G20, que les “rumeurs” sur une restructuration de la dette de la Grèce étaient “totalement infondées : ce n’est même pas une possibilité !”

Malgré les démentis constants d’Athènes, de ses partenaires européens et du Fonds monétaire international, les investisseurs parient majoritairement que la Grèce ne pourra pas honorer comme elle l’a promis sa dette publique, qui devrait grimper à 152 % du produit intérieur brut cette année.

“Les marchés ont tort quand ils considèrent que les programmes en cours et ceux qui sont en négociation sont insuffisamment solides, a insisté Jean-Claude Juncker. Ils sont solides et nous sommes convaincus que, s’ils sont mis en oeuvre de la façon indiquée, ils réussiront. L’euro ne connaît pas de problème. Au contraire, il dénote une stabilité surprenante, mais nous avons une crise de la dette publique dans certains Etats membres.”

Interrogé pour savoir si d’autres pays d’Europe du Sud pourraient connaître le même sort que la Grèce, sous perfusion depuis mai d’un plan d’aide international de 80 milliards d’euros, ou du Portugal, qui en négocie actuellement, il a repoussé cette éventualité : “La situation espagnole et italienne est strictement incomparable avec celle du Portugal.”

Banque de Grèce : une restructuration de la dette “ni nécessaire ni souhaitable”

“Aujourd’hui, l’économie se trouve à un point limite, l’adaptation des finances publiques a fait des progrès mais elle reste en retard par rapport à l’évolution de la dette, a jugé lundi Georges Provopoulos, gouverneur de la Banque de Grèce (BdG), à Athènes. Il faut maintenant un nouveau commencement de l’effort pour combler les retards pris et se lancer dans une politique de réformes.”

“La Banque de Grèce a expliqué depuis octobre qu’une restructuration n’est ni nécessaire ni souhaitable, car elle aura des conséquences catastrophiques tant pour le gouvernement que pour les investisseurs privés qui ne pourront pas accéder aux marchés”, a par ailleurs souligné le gouverneur, pour qui le gouvernement devait faire preuve “de détermination” pour entreprendre les réformes structurelles et poursuivre son programme de privatisations.

Trends.be, avec Belga

Le taux à court terme passe à 20 % pour la Grèce

Le taux des obligations d’Etat grecques, d’une durée de deux ans, est passé lundi à 20 %. Le taux à court terme a progressé de 148 points de base et celui à long terme de 65 points de base. La différence avec le Bunds allemand – référence du marché – s’est encore élargie. Lundi, le taux du Bunds a encore baissé.

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